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Al quelques jours des élections européennes, les candidats de la droite française ont conclu leur campagne en se concentrant sur la "question de l'Algérie", dans le but de récolter des voix parmi les milieux de droite extrême, très sensibles aux questions de l'immigration, de la main d’œuvre étrangère et du passé colonial français en Afrique.
François-Xavier Bellamy, chef de file des Républicains pour ces élections, a suscité la controverse lors de son passage dimanche dernier sur la chaîne de télévision "BFM TV", en évoquant "l'attaque contre la France dans l'hymne national algérien", qui avait provoqué un vif débat l'année dernière, soulignant le fait que l'Algérie a ajouté un couplet à son hymne national qui menace directement la France".
Le candidat a tenté de comparer la montée de l'extrême droite à la politique du président Emmanuel Macron à l'égard de l'Algérie, se demandant : "Qu'est-ce qui fait monter le Rassemblement national, sinon notre refus de dire la vérité ?". Bellamy a accusé Macron de "jouer avec la division sur la question de la mémoire avec l'Algérie".
Ces déclarations de Bellamy interviennent trois jours après un tweet, raciste et xénophobe sur la plateforme "X" de son chef de parti, Éric Ciotti, appelant l'Algérie à "récupérer tout ce qui la concerne en France : ses criminels, ses délinquants et ses immigrés clandestins".
Cette sortie a été une réponse à la demande de l'Algérie à la France de restituer des biens et des objets pris pendant la période coloniale, comme l'a confirmé une réunion de la "Commission de la mémoire" qui s'est tenue en Algérie entre le 20 et le 24 mai dernier.
Les relations algéro-françaises avaient également connu des tensions l’année dernière après la parution d’un décret présidentiel algérien rétablissant le troisième couplet de l'hymne national, écrit par le poète défunt Moufdi Zakaria « Ô France ! Le temps des palabres est révolu. Nous l’avons clos comme on ferme un livre. Ô France ! Voici venu le temps où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi ! Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra car nous avons décidé que l'Algérie vivra. ». Cette décision avait fait réagir l'ancienne ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, qui a critiqué une action « à contretemps » ", soutenant que cette décision intervenait au moment où les deux pays avaient décidé d’apaiser les relations bilatérales, après une crise aiguë provoquée par "l'affaire Amira Bouraoui" début 2023.
"Peut-être qu'elle aurait pu critiquer aussi la musique de l'hymne national... peut-être que la musique ne lui convient pas !" avait alors réagi de manière sarcastique le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf.