Les scientifiques algériens à l’étranger affichent un patriotisme remarquable à travers leurs propos et leurs engagements, exprimant une volonté sincère de contribuer au développement scientifique de leur pays. Toutefois, ils se heurtent souvent à l’absence de mécanismes efficaces leur permettant de mettre leurs compétences au service de l’Algérie de manière durable — en dehors d’une participation ponctuelle à des colloques ou séminaires symboliques, qui n’apportent que peu de valeur ajoutée à la recherche scientifique dans un monde en perpétuelle évolution.
L’un des exemples les plus éloquents de cette réalité est Noureddine Melikchi, scientifique renommé dans le domaine de l’astrophysique à la NASA. Il incarne l’humilité et la foi en les capacités de l’Algérie à progresser. Durant le Hirak, il n’a pas hésité à faire le déplacement des États-Unis vers son pays natal pour marcher aux côtés de ses concitoyens. Plus récemment, il a démontré une autre forme de fidélité à l’Algérie en baptisant des zones découvertes sur Mars — son domaine de prédilection — du nom de trois régions algériennes : Tassili, Ghoufi et Djurdjura, offrant ainsi une visibilité précieuse à un pays souvent absent des radars médiatiques et culturels internationaux.
Dans un autre domaine scientifique, celui de la biologie, Asma Belkaïd se distingue comme l’une des plus grandes chercheuses mondiales. À la tête de l’Institut Pasteur en France, elle dirige des projets de recherche innovants dans le domaine de l’immunologie, visant à traiter des maladies chroniques. Elle a été récemment honorée aux Émirats arabes unis par le prix des Arabes les plus brillants dans le domaine médical, et auparavant par le prestigieux prix Robert Koch en Allemagne. À chaque distinction, elle rend hommage à l’Algérie avec une sincérité touchante, évoquant son père, Aboubakr Belkaïd, ancien ministre et militant de la cause nationale, tombé en martyr pendant la décennie noire.
Melikchi et Belkaïd, tout comme d’autres figures telles que Habba, Zerhouni, Tewfik Touni et tant d’autres connus ou anonymes, ont tous un point commun : ils ont fait leurs études supérieures dans les universités algériennes avant de s’envoler vers des institutions prestigieuses à l’étranger. Cela prouve que le système universitaire algérien est capable de former des esprits brillants, loin de l’image négative souvent véhiculée. Mais le revers de la médaille, c’est qu’un chercheur de talent qui reste en Algérie finit souvent par voir son potentiel s’éteindre, faute de structures adaptées pour valoriser ses compétences.
Dès lors, la question se pose : comment permettre à un chercheur algérien d’émerger dans son pays sans devoir l’abandonner ? Et surtout, comment faciliter une implication active des scientifiques algériens de la diaspora sans les contraindre à un retour total et définitif ?
La réponse à cette problématique complexe exigerait sans doute des études approfondies, mais quelques constats simples permettent déjà de tirer des conclusions significatives. À titre d’exemple, l’Algérie, contrairement à plusieurs pays de son voisinage, ne compte aucune université étrangère sur son sol. C’est une anomalie pour un pays qui se veut moteur régional. Alors même que le pays clame vouloir attirer les investissements étrangers, l’absence de politiques d’accueil de grandes institutions universitaires ou de laboratoires internationaux donne l’image d’un désintérêt envers la recherche scientifique.
Il est donc urgent que l’Algérie opère un changement radical dans ses politiques éducatives et scientifiques, si elle souhaite conserver ses talents et rapatrier ses élites. À l’heure où le monopole occidental sur la technologie s’effrite, l’Algérie pourrait bâtir des partenariats avec des pays amis n’ayant pas d’agenda politique ou interventionniste, comme la Chine, la Corée du Sud, le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud ou le Vietnam. Ces nations ont développé une expertise en matière de centres de recherche avancés dans des domaines variés : informatique, pharmacie, agriculture, ingénierie ou exploration spatiale.
L’implantation de filiales de leurs universités ou instituts en Algérie créerait une concurrence académique bénéfique pour élever le niveau des universités nationales, tout en offrant un espace d’expression concret aux scientifiques algériens de la diaspora, qui pourraient enfin contribuer au développement de leur pays de manière structurelle et durable.
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