Les relations algéro-françaises, qui semblaient amorcer un apaisement après la visite du ministre français chargé de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à Alger dimanche dernier, connaissent un nouveau regain de tension.
Dans un communiqué publié ce samedi, le ministère algérien des Affaires étrangères annonce que son secrétaire général, Lounès Magramane, a convoqué l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet, pour lui faire part de la protestation officielle de l’Algérie. Celle-ci dénonce avec vigueur la mise en examen et le placement en détention provisoire d’un de ses agents consulaires en poste en France, dans le cadre d’une enquête sur l’enlèvement présumé d’Amir Boukhors, plus connu sous le pseudonyme d’Amir DZ.
Le communiqué précise que l’Algérie rejette catégoriquement les justifications avancées par le parquet antiterroriste français pour cette décision, qualifiant la procédure de "violation manifeste des privilèges et immunités diplomatiques" garantis à ses représentants. Le ministère souligne que l’arrestation du fonctionnaire algérien a été effectuée sur la voie publique, sans notification préalable par voie diplomatique, ce qui constitue, selon Alger, une entorse grave aux usages diplomatiques en vigueur entre les deux pays.
Sur le fond, l’Algérie considère que les éléments invoqués par les services de sécurité français sont "fragiles et non convaincants", se résumant à la seule géolocalisation du téléphone de l’agent dans les environs du domicile de Boukhors. Alger demande par conséquent la libération immédiate de son diplomate, en insistant sur le respect de ses droits conformément aux conventions internationales et aux accords bilatéraux.
Le ministère va plus loin en qualifiant cette affaire de "virage judiciaire sans précédent" dans l’histoire des relations bilatérales, estimant qu’elle n’est pas fortuite, mais intervient dans un contexte politique précis, destiné à freiner le processus de relance des relations décidé récemment par les présidents algérien et français lors d’un entretien téléphonique.
Le communiqué dénonce en outre la "mauvaise foi" de certaines parties françaises, qui, selon Alger, s’opposent ouvertement au réchauffement des relations, et utilisent cette affaire à des fins de provocation politique. Il fustige notamment le choix de Boukhors, décrit comme "un criminel", pour justifier ce développement, rappelant que Paris avait ignoré à plusieurs reprises les demandes d’extradition formulées par l’Algérie à son sujet.
L’Algérie met en garde contre les conséquences graves de cette affaire sur la relation bilatérale, affirmant qu’elle ne restera pas sans réponse, et qu’elle veillera fermement à la protection de son diplomate.
Ce nouvel épisode vient s’ajouter à une série de frictions entre Alger et Paris, notamment l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal en novembre dernier, les polémiques sur l’expulsion de ressortissants algériens, ou encore les appels en France à abroger l’accord de 1968 sur la circulation et le séjour des Algériens.
Commentaires
Participez Connectez-vous
Déconnexion
Les commentaires sont désactivés pour cet publication.