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"Bamako détourne l’attention de ses crises par une hostilité fictive envers l’Algérie"

L’expert en sécurité Akram Kharief évoque, dans une déclaration à El Khabar, les raisons derrière l’hostilité du Mali envers l’Algérie.

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L’expert en sécurité Akram Kharief a affirmé que le gouvernement militaire à Bamako n’a trouvé d’autre moyen pour faire face à ses crises internes et externes que le recours à la violence et à la terreur envers le peuple, à travers l’usage de milices armées, tout en inventant des ennemis fictifs à l’étranger, à l’image de l’Algérie ou des pays de la CEDEAO.

Dans une déclaration à El Khabar, Akram Kharief a expliqué que le gouvernement malien est dans une position d’isolement profond, et que la Russie reste son seul véritable allié, aux côtés de quelques pays ayant accédé au pouvoir par des coups d’État militaires.

Il ajoute :« C’est un gouvernement rejeté à l’intérieur du pays, interdisant toute activité politique et n’ayant donné aucun signe d’une quelconque volonté de sortie de la phase de transition, laquelle est dominée par un pouvoir absolu exercé par une junte militaire. »

Kharief poursuit en expliquant que le même gouvernement souffre de graves crises économiques et fait face à la menace terroriste sur plusieurs fronts, en plus de la colère croissante des populations du nord, dans la région de l’Azawad, après la suspension de l’accord de paix signé en 2015 à Alger, ce qui a renforcé leur volonté de séparation.

Selon lui, les autorités de Bamako n’ont plus d’autre option que la violence et la terreur, notamment en s’appuyant sur les milices de Wagner, tout en fabriquant des ennemis imaginaires, comme l’Algérie, la France, ou la CEDEAO, pour détourner l’attention de leur propre échec.

Kharief affirme que la dégradation des relations entre l’Algérie et le Mali est liée à cette junte qui dirige Bamako, subissant d'énormes pressions internes, et qui cherche à prouver sa capacité à contrôler tout le territoire national, même par la force. Cette situation a des répercussions importantes pour les civils maliens vivant le long de la frontière avec l’Algérie, exposés à des bombardements aveugles, et plus généralement pour les habitants du nord du Mali, confrontés chaque jour à la brutalité de l’armée malienne et de diverses milices, ce qui pousse beaucoup d’entre eux à fuir vers l’Algérie.

Il évoque aussi l’impact économique, notamment pour les commerçants algériens, dont les déplacements vers le nord du Mali deviennent de plus en plus difficiles. Il souligne cependant que les autorités maliennes ne contrôlent pas réellement la zone frontalière, et qu’il est peu probable qu'elles engagent une action hostile directe contre l’Algérie, que ce soit par voie terrestre ou aérienne.

Akram Kharief écarte toute possibilité d'escalade militaire ou d'affrontement direct entre les deux pays, pour plusieurs raisons, dont l’absence de présence militaire malienne significative au nord du pays, à proximité de la frontière algérienne, et l’absence de volonté algérienne d’opter pour une solution militaire. Il rappelle que l’Armée nationale populaire algérienne a envoyé un message fort à Bamako en abattant le principal drone des forces maliennes après qu’il a violé l’espace aérien algérien.

Il indique que l’utilisation des drones par l’armée malienne a commencé avec l’arrivée du groupe Wagner, et que les premières opérations contre des civils dans le nord ont eu lieu en avril 2022, après le coup d’État mené par Assimi Goïta.

Il précise que plusieurs civils sont tombés sous les frappes de drones maliens, parmi eux des étrangers originaires du Tchad, du Niger et même d’Algérie. C’est là le danger croissant lié à l’usage de ces drones, devenus des « jouets militaires » pour certains États, malgré les lourdes pertes humaines qu’ils causent.

En conclusion, l’expert écarte l’idée d’un conflit militaire entre les deux États, rappelant que les relations entre l’Algérie et le Mali sont historiques et solides, et que leur normalisation dépend du retour du gouvernement malien aux positions historiques de l’État malien vis-à-vis de l’Algérie.

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