Monde

Les calculs politiques de Retailleau

Il a adressé de vives critiques au ministre de l'Intérieur français

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L’historien français Benjamin Stora a exprimé son inquiétude face aux tensions croissantes entre l’Algérie et la France, ainsi que ses craintes quant à l’impasse du dossier mémoriel. Dans un entretien accordé au Nouvel Observateur, il a critiqué les calculs politiques adoptés par le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, dans sa gestion de la crise, estimant qu’ils sont en contradiction avec les orientations historiques de la France sur le dossier de la mémoire.

Stora a adressé de vives critiques à l’encontre du ministre de l’Intérieur, qui continue à adopter une posture de confrontation vis-à-vis de l’Algérie. Selon lui, les positions de Retailleau répondent à des considérations politiques internes, visant à affirmer son autorité et son influence au sein du gouvernement français, voire à rivaliser avec le ministère des Affaires étrangères — autant de démarches qui, d’après l’historien, s’inscrivent dans une logique électoraliste.

Premier spécialiste des relations entre les deux pays, l’historien français était l’invité de la chaîne France Culture jeudi soir dernier. Lors de son intervention, il a déclaré que « Retailleau s’accroche au dossier des relations franco-algériennes malgré les critiques répétées de ses collègues au sein du gouvernement, notamment du président Macron et du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, sans parler de figures politiques françaises majeures comme l’ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, ou encore des parlementaires en vue comme Mathilde Panot et Manuel Bompard, entre autres. »

Commentant le phénomène Retailleau, Stora a affirmé que « lorsque le ministre de l’Intérieur s’entête sur le dossier algérien, il nous rappelle la célèbre phrase de François Mitterrand selon laquelle “l’Algérie, c’est la France”, un slogan qu’il répétait fréquemment lorsqu’il était ministre de l’Intérieur durant la période coloniale. »

Au-delà des critiques personnelles, l’historien observe un véritable basculement de la classe politique française vers la droite. Il estime que celle-ci s’enfonce dans une forme de repli idéologique, délaissant progressivement l’étude des questions mémorielles au profit de thématiques jugées plus rentables électoralement, comme la sécurité, l’immigration ou les tensions sociétales.

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