Le Maroc déçu par les déclarations du conseiller de Trump

Le politologue et chercheur académique Mohamed Bachir Lahcen a affirmé que les déclarations récentes de Massad Boulos, conseiller du président américain et envoyé spécial pour les affaires du Moyen-Orient et de l’Afrique, concernant l’importance d’un accord entre le Maroc et le Sahara occidental pour résoudre le conflit, ont provoqué la déception au sein du régime marocain. Il a considéré ces déclarations comme une rectification de position, après que le Maroc ait interprété le soutien de Washington comme étant inconditionnel.

S’exprimant dans un entretien avec El Khabar, le chercheur de l’Université de Séville en Espagne a analysé les propos de Boulos, affirmant « Ces déclarations m’ont donné l’impression que l’administration américaine voulait faire passer un message ou rectifier sa position, après avoir constaté que le Maroc avait compris, suite à la rencontre entre Rubio et Bourita, que son soutien était absolu. » 

Il a souligné que « Bien que Trump ait reconnu la souveraineté du Maroc sur les territoires occupés du Sahara occidental, il avait lié la solution finale à l’acceptation des deux parties. »

Boulos avait déclaré dans une interview à la chaîne saoudienne Al-Hadath que « si l’on revient à cette déclaration de 2020, il est vrai qu’elle accordait la souveraineté au Maroc, mais elle contenait aussi des éléments très importants sur le dialogue et la recherche d’une solution satisfaisante pour toutes les parties. Ce n’était pas une déclaration absolue ou fermée, mais une porte laissée ouverte au dialogue pour parvenir à une solution qui convienne aux deux camps.

En réponse à une question sur l’insistance de Boulos à trouver une solution consensuelle entre le Maroc et le Front Polisario, Lahcen a déclaré que « bien que la rencontre Bourita-Rubio ait eu lieu après une médiation de Netanyahou, Bourita est rentré bredouille de Washington. » 

Il a précisé dans ce contexte que « compte tenu des décisions folles et imprévisibles de Trump en politique internationale, le régime marocain espérait obtenir une position ferme de sa part, au minimum l’annonce de l’ouverture d’un consulat américain dans la ville occupée de Dakhla. » 

Et d’ajouter « mais cela ne s’est pas produit, car le régime marocain n’a plus rien à offrir à Trump. Il a déjà tout donné en matière de normalisation et de concessions à l’entité sioniste, lui laissant le champ libre pour s’implanter comme elle le souhaite. Il n’a plus de cartes à jouer… C’est pourquoi Boulos a insisté sur l’importance d’un accord mutuel dans toute solution finale, ce qui explique la déception du régime marocain. »

Concernant l’initiative américaine de rapprochement entre le Maroc et l’Algérie pour favoriser une solution au conflit, Lahcen a précisé « il s’agit d’une nouvelle approche que le conseiller de Trump semble envisager comme une porte d’entrée possible vers une solution, mais l’histoire et la réalité montrent qu’il s’agit d’une évaluation erronée. » 

Selon lui, un rapprochement entre l’Algérie et le Maroc ne résoudra pas le conflit, car il s’agit d’une affaire de colonisation selon le droit international, et l’Algérie ne saurait accepter un rapprochement au détriment de ses positions de principe ni de sa politique étrangère fondée sur les valeurs de la Révolution du 1er Novembre.

En outre, il a ajouté que « l’Algérie ne compromettra jamais sa sécurité nationale et ne tolérera pas les ambitions du régime marocain. Elle est consciente que tout compromis avec ce régime reviendrait à se tirer une balle dans le pied. C’est un État à vocation expansionniste. Et si, par malheur, il s’emparait du Sahara occidental, la prochaine cible serait la Mauritanie, voire certaines régions algériennes sur lesquelles le régime du Makhzen nourrit encore des ambitions. C’est pourquoi aucun rapprochement algéro-marocain ne contribuera à résoudre ce conflit. »