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Le paiement via smartphone : Qui bloque sa généralisation ?

Cette opération contribuera à simplifier le paiement électronique, à renforcer l’inclusion financière et à offrir des options supplémentaires aux citoyens et aux commerçants.

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Nombreux sont ceux qui ont lu cette déclaration du président de l’Association professionnelle des banques et institutions financières ABEF, Mohand Bouraï, annonçant l’activation du système de paiement électronique « DZ Mob Pay » dès janvier 2025. Ce système devait permettre aux utilisateurs de réaliser des paiements et des transferts via leur smartphones, auprès des banques et d’Algérie Poste.

Il avait expliqué que cette initiative visait à renforcer l’inclusion financière en Algérie et à offrir aux citoyens et commerçants des moyens de paiement innovants et sécurisés.

Mais quatre mois après cette annonce, celle-ci reste lettre morte, laissant les citoyens dans l’attente d’un miracle promis ! M. Bouraï avait pourtant affirmé, dans une déclaration à l’APS reprise par plusieurs médias nationaux, dont « El Khabar », que les clients pourraient, à partir de janvier 2025, effectuer des paiements via leur téléphone en scannant des codes QR. Il avait souligné que cette technologie était « gratuite, rapide et pratique », et contribuerait à simplifier le paiement électronique, à renforcer l’inclusion financière et à élargir les options disponibles.

Il avait aussi précisé que les banques et Algérie Poste avaient investi dans la sécurisation du système, avec des tests de sécurité et la mise à disposition d’applications dédiées. L’interconnexion entre les données des banques et d’Algérie Poste a été assurée par la Société d’automatisation des transactions interbancaires et monétiques (SATIM), garantissant l’interopérabilité du système.

Ce qui est étonnant, c’est que cette mise en œuvre accuse aujourd’hui un retard de près de quatre mois, sans que l’Association professionnelle des banques ne fournisse la moindre explication à ce sujet. Plus étrange encore, c’est l’annonce faite par le Groupement d’intérêt pour la monétique (GIM) qui affirme que « DZ Mob Pay » est bel et bien activé depuis janvier dernier, en précisant que ce nouveau système contribuerait à faciliter les transactions quotidiennes des citoyens et des commerçants en alliant innovation, sécurité et interopérabilité.

Ce système permettra aux utilisateurs d’effectuer des paiements facilement et de transférer de l’argent entre particuliers, tout en garantissant la gratuité et la sécurité pour les usagers comme pour les commerçants.

Nul ne peut nier que le paiement mobile permet de réaliser des opérations bancaires à grande échelle, notamment dans les zones rurales, où l’accès aux agences bancaires est limité. Grâce à cette technologie, des millions de personnes non bancarisées peuvent désormais effectuer des transactions en toute simplicité.

Et pourtant, bien que le paiement mobile ait été lancé en Algérie depuis 2022, il reste aujourd’hui limité aux clients d’une même banque, comme la BNA, Al Salam Bank ou Algérie Poste.

Le service ne fonctionne donc que pour des opérations entre clients d’un même établissement. Ce qui soulève une question importante : pourquoi ce système ne couvre-t-il pas toutes les banques ?

Un nombre croissant de commerçants adopte les paiements sans contact par NFC (communication en champ proche) ou par QR Code, qui connaissent une popularité grandissante en Afrique, notamment dans des pays comme le Nigeria, le Kenya ou l’Afrique du Sud.

Alors pourquoi un pays comme l’Algérie accuse-t-il un tel retard dans l’adoption de ces technologies, en comparaison avec d’autres nations africaines aux ressources bien plus modestes, qu’elles soient financières ou humaines ?

Ce retard technologique devient embarrassant pour l’image de l’Algérie, car nul n’ignore les avantages du paiement via smartphone, notamment en matière de gestion financière pour les particuliers et les entreprises, grandes ou petites. Il s’agit là d’un puissant levier pour renforcer l’inclusion financière et atteindre les objectifs de la politique économique globale, surtout quand on sait que les systèmes de paiement instantané ont été conçus spécifiquement pour répondre aux besoins des populations à faible revenu, voire sans revenu.

Le gouvernement, et particulièrement les ministères concernés, se doivent de mener une véritable révolution et un saut qualitatif pour favoriser l’adoption de comportements de transaction numérique récurrents. Les paiements numériques doivent être largement accessibles, simples à utiliser, rapides et fiables.

À titre d’information, les systèmes de paiement instantané traitent chaque année près de 1 000 milliards de dollars à travers 16 milliards de transactions – la majorité étant des opérations mobiles. Alors, où en sommes-nous par rapport à ces évolutions mondiales qui ne laissent aucune place aux retardataires ?

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