Il semble que la crise actuelle entre Alger et Paris s’est également étendu au secteur cinématographique en France. Cela s’est manifesté par la manière dont les salles de cinéma ont traité le film Frantz Fanon du réalisateur français Jean-Claude Barny. Cette situation a suscité une vive polémique, amenant le réalisateur du film, les critiques, et même certains députés à rompre leur silence.
Malgré l'engouement du public et son interaction avec le film, ce dernier n’a été projeté que dans 70 salles lors de sa première semaine, ce que l’équipe de production et de réalisation a qualifié de « boycott non déclaré » de la part des exploitants de salles. Cela a provoqué des déclarations polémiques dans les milieux politiques et sur les réseaux sociaux.
Le réalisateur, Jean-Claude Barny, s’est dit étonné de cette attitude, tandis que la responsable de la société de distribution, Amel Locombe, s’est moquée de ce comportement dès les débuts du projet, lorsqu’elle a constaté le manque de réponse des exploitants.
« Ils ne diront pas qu’ils n’aiment pas les Algériens, les Africains, les Noirs ou les Arabes, mais plutôt que le film n’est pas assez artistique, ou pas assez commercial, ou que les jeunes ne viendront pas le voir», a-t-elle déclaré.
La polémique a, également, interpellé le député de gauche Antoine Léaument, qui s’est demandé :
« Est-il vraiment si difficile de faire face à notre passé colonial ? »
En réaction, l’un des réseaux de salles accusé de boycott, MK2, a nié les accusations, affirmant que la programmation des films était le fruit de « choix éditoriaux complexes et discutables ».
Cependant, l’importante affluence du public a affaibli cette justification, perçue comme peu crédible, et a renforcé l’idée que le film n’avait pas bénéficié d’une distribution équitable. Cela s’est confirmé par l’annonce de la société de distribution selon laquelle 37 nouvelles salles projetteront le film dès la deuxième semaine, une progression rare, les films perdant généralement des écrans après leur première semaine.
Frantz Fanon, médecin et penseur français célèbre, a exercé dans un hôpital psychiatrique à Blida pendant la colonisation. Il a développé une méthode de traitement humaine et non conventionnelle pour soigner les victimes des violences coloniales. Il a pris fait et cause pour la cause algérienne, devenant un fervent anticolonialiste. C’est justement cet engagement, semble-t-il, qui a mis mal à l’aise certaines salles qui ont refusé de programmer le film, en dépit du succès rencontré dans celles qui l’ont projeté.
L’implication d’institutions culturelles dans des prises de position indirectes contre tout ce qui touche à l’Algérie, même lorsqu’il s’agit d’œuvres créées par des Français, donne une nouvelle dimension à la crise diplomatique entre les deux pays. Celle-ci dure depuis huit mois et s’est récemment aggravée de manière inédite avec la mise en détention d’un employé consulaire algérien en France, et l’expulsion de 24 membres des deux missions diplomatiques respectives.
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