La Ligue de football professionnel a ajouté encore plus de confusion à l’épisode actuel de violences persistantes dans et autour des stades, ainsi qu’aux soupçons entourant les résultats de certains matchs.
Le communiqué de l’instance dirigée par Mohamed Amine Mesloug, publié ce lundi, est apparu flou, étrange, et plus proche du populisme que d’une réaction ferme et structurée face à la situation. Il aurait fallu activer les instances légales et appliquer les règlements régissant le jeu. Au lieu de cela, on a eu l’impression que la Ligue s’est contentée de formules toutes faites, qui ressemble plus à un réflexe Pavlovien. Le communiqué regorge ainsi de phrases stéréotypées qui suivent chaque acte portant atteinte à la crédibilité, à l’intégrité du championnat et à l’esprit sportif.
Bien que le football en Algérie soit toujours gangrené, comme par le passé, par le chaos, la violence et les soupçons de matches truqués impliquant dirigeants, arbitres et autres bénéficiaires du système, la Ligue — qui s’était pourtant montrée légaliste cette saison — a adopté cette fois une tout autre approche face aux scandales successifs qui secouent l’opinion publique. On aurait cru, à la lecture du communiqué, que ce qui se passe est sans précédent, alors qu’il s’agit de pratiques enracinées. En agissant ainsi, la Ligue a laissé entendre qu’elle fait face à des fléaux « importés » dans un championnat dont elle semble découvrir soudainement la réalité.
Le proverbe « La réponse se lit dans le titre » s’est vérifié dans ce communiqué, qui commence par une expression de « vive inquiétude et profond regret concernant certains événements de la 23e journée du championnat de Ligue 1 ». Or, ce sentiment d’inquiétude est chronique, et ce n’est pas la première fois que la Ligue devrait faire jouer son autorité à travers les canaux légaux pour mettre fin à ce cycle. Le regret exprimé à chaque journée ne résout rien.
Le pire réside dans l’appel lancé par la Ligue à « tous » pour faire preuve de responsabilité, d’intégrité et de respect des lois, ainsi qu’à « tous les acteurs du football à observer un esprit sportif élevé et à respecter les principes du fair-play ». Il s’agit là d’un aveu implicite que l’intégrité et le fair-play sont absents du championnat, et malgré cela, la Ligue se contente de quelques formules creuses, comme une sorte de vœu pieux, sans réel engagement concret.
Lorsqu’une instance publie un communiqué d’une telle importance, en lien avec des incidents majeurs du football, elle se doit de faire preuve de rigueur et de clarté afin de crédibiliser toute mesure à venir. Pourtant, la Ligue a invité « tous les acteurs du football, responsables de clubs, joueurs, supporters et… toutes les autres parties concernées ». Cette dernière formule, « toutes les autres parties », n’a aucun sens précis, et pourrait même inclure les membres de la Ligue et de la Fédération elle-même. Ce flou donne le sentiment que la Ligue ne sait pas vraiment à qui elle s’adresse.
Quant à la phrase « À l’approche de la fin de saison, la Ligue appelle tout le monde à faire preuve de responsabilité, d’intégrité et de respect des lois », elle laisse entendre que ces exigences ne sont valables qu’en fin de saison, alors qu’elles devraient l’être dès le début du championnat.
Mais ce n’était pas la dernière contradiction du communiqué. En misant plus sur la forme que sur le fond, la Ligue a sombré dans les travers d’un discours populiste qui a fini par la discréditer. À la fin du communiqué, elle déclare que « toute infraction aux lois par quelque partie que ce soit sera sévèrement sanctionnée. La Ligue n’hésitera pas à appliquer la loi avec fermeté pour préserver l’intégrité du championnat et l’esprit sportif ». Cette formule seule suffit à faire consensus sur le fait que la Ligue reconnaît elle-même qu’elle n’a pas, jusqu’ici, appliqué les sanctions les plus sévères, ou que les sanctions imposées n’étaient pas à la hauteur des infractions, ce qui contredit clairement les lois en vigueur validées par l’assemblée générale.
La Ligue, visiblement plus soucieuse de soigner son image que de prendre des mesures concrètes, oublie qu’elle est censée être une institution d’application des lois et d’imposition de sanctions, et non de simples menaces verbales. En affirmant qu’elle « n’hésitera pas à appliquer la loi », elle admet indirectement qu’elle ne l’a pas encore fait avec la rigueur requise, et qu’elle n’a donc pas garanti l’intégrité du championnat.
Il revient désormais à la Fédération algérienne de football (FAF), à qui la gestion du championnat professionnel est déléguée, de dissiper les ambiguïtés et les contradictions de ce genre de communiqué, surtout au moment où le ministre et le président de la FAF, Walid Sadi, doivent rencontrer les présidents de clubs aujourd’hui, après s’être entretenus hier avec les arbitres. Car la situation chaotique imposée à la structure footballistique algérienne par ses propres acteurs et supporters exige des décisions fortes et fermes pour préserver sa crédibilité.
Parmi les propositions phares envisagées pour lutter contre la violence dans et autour des stades, figure l’interdiction de déplacement des supporters en dehors de leur wilaya, étant donné que les matchs à huis clos et les campagnes de sensibilisation n’ont eu aucun impact sur l’état du football algérien, dont l’image est ternie chaque jour de manière délibérée.
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