Le président de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale française, Bruno Fuchs, renouvelle son appel à maintenir ouverts les canaux de dialogue entre l’Algérie et la France, reconnaissant que les relations entre Paris et Alger frôlent la rupture. De son côté, le journal français L’Humanité estime que la relation entre les deux pays est devenue « l’otage de manœuvres obscures ».
Bruno Fuchs, figure modérée de la majorité présidentielle française, a déclaré à la chaîne France 24 que les canaux de communication se sont fortement réduits, mais que le dialogue ne pourra pas totalement cesser, compte tenu de la présence de millions de ressortissants algériens sur le sol français.
Il a utilisé les termes de "tensions extrêmes", "froideur" et "gravité" pour décrire la détérioration récente des relations bilatérales, après une courte période d’accalmie. Il a affirmé "Depuis 1962, jamais autant de diplomates n’avaient été expulsés."
Fuchs a également affirmé son soutien à la position de la France dans l'affaire impliquant un fonctionnaire consulaire algérien, soupçonné d’être impliqué dans l’enlèvement d’Amir Boukhors, un fugitif recherché par la justice algérienne. Il a déclaré que tous les regards sont désormais tournés vers la justice et la manière dont elle traitera cette affaire.
Interrogé sur l’idée selon laquelle les relations franco-algériennes seraient parfois instrumentalisées à des fins de politique intérieure en France, il a relativisé, soulignant que certaines forces en Algérie s’opposent au dialogue avec la France et prônent une politique de fermeté dans la conjoncture actuelle.
Le quotidien communiste L’Humanité a, dans un autre contexte, publié une enquête montrant la dérive du Sénat français, dominé par les Républicains, qui se transforme progressivement en un studio médiatique à l’image de la chaîne CNews, bras médiatique majeur de l’extrême droite française.
Le journal a illustré cette dérive à travers plusieurs débats et initiatives, notamment autour de la relation franco-algérienne, marquée par une rhétorique de plus en plus hostile à l’Algérie et la proposition de lois comme celle visant à interdire le mariage aux personnes en situation irrégulière
L’Humanité note également que certains élus macronistes au Sénat se sont laissés entraîner par cette vague, par loyauté envers leurs alliés de centre-droit au sein du gouvernement. Dans un autre article intitulé "La crise diplomatique actuelle ne sert ni la France ni l’Algérie", le journal souligne que les tensions diplomatiques actuelles n'ont pas été aussi intenses depuis la fin de la guerre d’indépendance en 1962.
Selon le journal "La relation entre les deux pays est désormais otage de manœuvres obscures de part et d’autre de la Méditerranée. D’un côté, l’extrême droite et la droite dure attisent les braises d’une rancœur coloniale dépassée, alimentant le conflit avec l’aide de leurs relais médiatiques qui dressent les Algériens de France et les Français d’origine algérienne comme ennemis de l’intérieur."
Le journal désigne le ministre Bruno Retailleau, dont les ambitions présidentielles sont connues, comme le fer de lance de cette campagne depuis le ministère de l’Intérieur.
Dans sa vision radicale, l’Algérie est perçue comme un des "cercles de feu" qui encerclent la France. Quant à l’Élysée, le président Emmanuel Macron oscille entre gestes d’apaisement et menaces de représailles, tandis qu’au ministère des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, envoyé récemment en Algérie sans succès, semble dépassé.
L’Humanité conclut en appelant à un arrêt immédiat de l’escalade, affirmant que ni la France ni l’Algérie n’ont intérêt à ce conflit, car sur les plans économique, humain et culturel, leurs destins sont inextricablement liés.
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