De nombreuses voix de gauche en France ont exprimé leur indignation face au silence du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ainsi que d'autres figures politiques qui soulèvent constamment la question de la sécurité dès qu’un crime implique un migrant, en réaction au meurtre d’un jeune homme musulman dans la vingtaine, poignardé à une cinquantaine de reprises par un Français islamophobe, vendredi matin, à l’intérieur de la mosquée de La Grand-Combe, dans le département du Gard, dans le sud-est de la France.
Un « silence très lourd », c’est ainsi que des figures politiques ont décrit l’attitude de Retailleau face à ce meurtre, survenu dans un lieu de culte. Elles dénoncent un exemple criant de double standard avec lequel le ministre, censé garantir la sécurité de tous les Français, traite les actes antimusulmans. Le suspect, toujours en fuite, a poignardé le jeune homme en pleine prière, puis a filmé sa victime agonisante avec son téléphone, en déclarant : « Je l’ai fait (...) ».
L’horreur du crime est égalée par la stupeur face aux réactions politiques, a déclaré Dominique Sopo, président de l’association SOS Racisme, à France Info « Je me demande si Retailleau s’est déplacé sur les lieux? »
Il a comparé cette inaction à une autre situation : « Le ministre s’est précipité à Nantes après le drame survenu au lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides… En tant que ministre chargé aussi des relations avec les cultes, et alors que les premiers éléments indiquaient une motivation islamophobe, son silence est au minimum choquant. »
Et il n’est pas le seul à condamner ce traitement inégal du gouvernement. Le député socialiste Paul Vannier a également réagi sur X « Pour Bruno Retailleau, il y aurait des Français "sur le papier" – qui sont apparemment des victimes de seconde zone. »
Sandrine Rousseau, députée écologiste à Paris, s’est interrogée « Où est Bruno Retailleau ? Il est important qu’il s’exprime, car il est ministre de l’Intérieur d’un gouvernement dont la Constitution garantit l’égalité entre tous les citoyens vivant en France. »
Des députés d’opposition comme Rima Hassan et Raphaël Arnault ont écrit sur leurs comptes respectifs « Quand un islamophobe tue au couteau dans une mosquée, Bruno Retailleau ne dit rien. » Un silence qui en dit long sur les intentions du ministre, ajoutent-ils.
Ce mutisme a été renforcé par l’absence du préfet sur les lieux du drame, ce qui a profondément choqué les fidèles de la mosquée, selon l’imam de la mosquée de Sud-Nîmes. Retailleau s’est contenté d’un tweet sur X, vendredi, dans lequel il a exprimé son « soutien à la famille de la victime et sa solidarité avec la communauté musulmane », ajoutant qu’il espérait que l’enquête mène rapidement à l’arrestation du coupable et fasse toute la lumière sur cet « acte horrible ».
Le Premier ministre François Bayrou a qualifié le drame de « honte », tandis que le ministre de la Justice Gérald Darmanin a parlé d’un « lâche assassinat ». Mais ces réactions ne sont pas à la hauteur de la couverture médiatique et de l’implication gouvernementale habituelles lorsqu’un acte est commis par un immigrés, notamment originaire d’Afrique du Nord.
Sur le plan populaire, un appel à manifester contre l’islamophobie a été lancé sur les réseaux sociaux pour ce dimanche à 18h, à Paris, sur la place de la République, avec une minute de silence prévue en hommage à la victime.
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