À la suite des récents événements douloureux qui ont suivi le match entre le Mouloudia d’Alger et l’Union de Biskra, les plateaux des émissions sportives ont été pointés du doigt. Certains leur ont reproché d’attiser les émotions des supporters, ce qui a poussé les autorités à prendre des mesures, notamment en infligeant des sanctions et en adressant des avertissements à certaines émissions.
Certains plateaux télévisés sont désormais devenus un espace libre pour certains invités, présentés comme des analystes sportifs ou d’anciens acteurs du monde du football (joueurs, entraîneurs, dirigeants), qui s’expriment sur les affaires du football algérien en prononçant des jugements durs et non justifiés à l’encontre de personnes, d’arbitres, de joueurs, voire même de supporters ou d’autres acteurs liés au milieu.
Nombreux sont ceux qui se présentent comme des analystes de "premier plan" et qui profitent de l’incapacité des animateurs à les canaliser pour transformer ces émissions en tribunes d’où ils propagent leur venin et lancent des « bombes à retardement » contre des cibles bien précises. Ils ne se soucient pas des dangers que peuvent engendrer de telles déclarations incendiaires au sein de la société. Ces personnes sont aussi connues pour leur tendance à interrompre les autres invités quand bon leur semble, parlant avec passion et ton accusateur, en mentionnant sans hésiter les noms des personnes ciblées.
Ce qui importe le plus pour eux, c’est de se donner l’image du "héros populaire" auprès des supporters du club auquel ils sont liés, surtout lorsqu’il s’agit de sujets concernant leur "équipe de cœur", sans aucun souci pour la neutralité ni l’objectivité indispensables à un discours équilibré et respectueux envers le téléspectateur.
Des propos à bannir des plateaux télé sportifs
Le vocabulaire utilisé par certains analystes sur les plateaux télévisés sportifs comporte de nombreuses expressions qu’il devient urgent d’éliminer, tant leur impact peut être négatif sur une frange sensible du public, suscitant parfois des réactions excessives ou des comportements de revanche, nés d’un sentiment d’injustice.
Des expressions comme « Il y a un complot contre cette équipe » peuvent générer des attitudes agressives parmi les supporters, surtout lorsque ces propos sont tenus à l’antenne, sur des chaînes très suivies. D’autres phrases telles que « La défaite de l’équipe aujourd’hui était préméditée » peuvent attiser la discorde, bien que leurs auteurs ne disposent d’aucune preuve concrète, ce qui soulève de nombreuses interrogations sur leur responsabilité.
Il arrive également que certains analystes désignent explicitement des parties supposées responsables des échecs de leur club favori, avec des phrases comme : « C’est honteux qu’une équipe algérienne soit victime d’une telle injustice dans notre championnat ». Ce type de discours alimente la division entre les jeunes supporters, surtout parmi les moins instruits, qui sont plus enclins à croire ces accusations.
Certes, les erreurs arbitrales peuvent parfois être graves, mais la responsabilité des analystes est énorme, notamment lorsqu’ils interviennent en direct. Dans ces situations, il est indispensable de faire preuve de retenue, voire d’éviter de commenter à chaud.
Certaines formulations comme « L’arbitre a massacré mon équipe aujourd’hui » aggravent la situation. Il est essentiel de laisser le soin aux instances spécialisées d’évaluer les décisions arbitrales, y compris les cas de hors-jeu, au lieu de rendre des jugements définitifs depuis un plateau télé, surtout en l’absence d’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR).
Pire encore, certains analystes vont jusqu’à réclamer l’incarcération d’arbitres pour des erreurs commises, une dérive sans précédent. D’autres tentent de faire pression sur la Fédération algérienne de football pour écarter certains arbitres internationaux, ce qui constitue une grave atteinte à l’intégrité du sport.
Des chaînes misent sur la carte du populisme
De nombreuses chaînes de télévision en Algérie préfèrent aujourd’hui engager des "analystes sportifs" qui se distinguent par certaines caractéristiques bien précises : jouir d’une certaine popularité auprès du public, être "très franc" et "n’avoir peur de rien ni de personne". L’approche populiste devient même un critère apprécié, dans la mesure où certaines situations exigent un profil capable de ramener une partie de l’opinion publique dans le cadre qui lui est assigné.
En parallèle, le paysage médiatique sportif en Algérie regorge pourtant de compétences humaines qui mériteraient d’être mieux valorisées, car elles peuvent contribuer à construire un discours sain et encadré, capable de guider les futures générations vers un port sûr. Mais ces profils compétents ne semblent pas être assez recherchés, bien que leurs qualifications académiques et leur expérience de terrain surpassent largement celles de ceux qui hurlent à tue-tête et sèment la discorde au détriment des autres.
Les réseaux sociaux jouent également un rôle crucial dans la popularité de certains analystes, contribuant à leur mise en avant au détriment d'autres. Les responsables de chaînes observent attentivement l’engagement suscité par les interventions de ces analystes sur les plateformes numériques, ce qui les pousse, bien souvent, à adopter des choix populistes, reléguant au second plan ceux qui traitent les sujets avec objectivité et rigueur.
Qui remettra les "influenceurs du football" sur le droit chemin ?
Lors de ces émissions, il n’est pas rare que certains invités ou analystes usent de propos injurieux voire incitatifs, dans le but de se forger une image de "héros populaire", défenseur acharné de son club, aux yeux des supporters. Ils profitent parfois de leurs relations amicales au sein de la chaîne ou de la notoriété acquise dans leur passé de joueur ou de dirigeant pour s’imposer dans les médias.
Beaucoup de ceux qui sont aujourd’hui qualifiés d’"influenceurs du football" ont largement dépassé les bornes, s’attaquant aux fondements mêmes d’un débat sain, dans des cadres qui devraient être strictement maîtrisés par les responsables des émissions, surtout lorsqu’elles sont diffusées en direct. Ce qui devrait être considéré comme interdit, c’est bien l’incitation à la haine ou à l’animosité entre supporters, le fait de monter l’opinion publique d’un club contre un joueur ou un arbitre qui aurait pu commettre une erreur involontaire, ou encore l’attisement de tensions entre fans de différentes équipes d’un même pays.
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