La décision de fermer l’espace aérien algérien aux avions civils et militaires à destination ou en provenance du Mali, pays voisin au sud de l’Algérie, place la République du Mali dans une situation de quasi-blocus terrestre et aérien. Le Mali étant un pays enclavé sans accès à la mer, le transport aérien y revêt une importance capitale, notamment pour les forces armées maliennes.
La majorité des armes destinées à l’armée malienne sont acheminées par avions de transport militaire ou cargo en provenance du nord. Même les drones utilisés depuis début 2024 par l’armée malienne pour bombarder des positions dans la région de l’Azawad ont été transportés par voie aérienne, aussi bien civile que militaire. Le site spécialisé « FlightAware », qui monitore les mouvements d'avions cargo à travers le monde, a recensé 380 avions cargo arrivant de différents pays à l’aéroport de Bamako au mois de mars 2025. La plupart transportaient du matériel destiné à l’armée malienne, à des entreprises de sécurité sous contrat avec cette armée ou encore des équipements importés par le gouvernement à des fins sécuritaires.
Des images du site « FlightAware » datées du 8 avril montrent, moins de 24 heures après la fermeture de l’espace aérien, la disparition des vols à destination du Mali en provenance d’Algérie ou traversant son espace aérien. Une très faible activité du trafic aérien, civil et cargo, est observée au-dessus du Mali. Cela reflète une grande confusion au sein des autorités de Bamako : en quatre heures, durant la soirée du 8 avril, seules deux à trois avions ont été repérés dans le ciel malien, venant d’autres pays africains au sud ou déviant de l’Atlantique via la Mauritanie. Cela montre que Bamako reste encore sous le choc et tente de trouver des alternatives avec des compagnies de transport aérien.
La fermeture de l’espace aérien algérien aux avions maliens est une première étape, qui pourrait être suivie d’autres si le dirigeant militaire de Bamako, le colonel Assimi Goïta, ne revoit pas sa position. Le transport aérien de passagers et de marchandises n’est pas un luxe pour Bamako et ses dirigeants. Les combattants étrangers employés par les sociétés de sécurité arrivent et repartent par avion, et 80 % des armes et munitions reçues par le Mali sont livrées par voie aérienne. La majorité de ces vols provient du nord de la Méditerranée et survolent l’Algérie. Cela place le colonel Assimi Goïta face à une grave crise : détourner les vols cargo ou de passagers représente un coût financier énorme que le Mali, pays pauvre, ne peut supporter.
Un autre problème auquel Goïta est confronté est que le Mali est déjà isolé au nord et au sud. Ses relations sont très tendues avec les pays de la CEDEAO en Afrique de l’Ouest, qui représentent les seuls accès maritimes pour le Mali. Quant à la Mauritanie voisine, ses infrastructures ne permettent pas de répondre aux besoins en transport et commerce du Mali.
La fermeture de l’espace aérien algérien a été prise comme une mesure nécessaire, attendue, visant à empêcher le régime en place au Mali de poursuivre sa guerre contre ses propres citoyens dans la région de l’Azawad. L’objectif est de forcer Bamako à revenir à la table des négociations avec les mouvements de l’Azawad dans le cadre de l’Accord d’Alger. Il ne s’agit que de préserver l’unité territoriale du pays voisin, car la poursuite des combats mènera inévitablement à l’éclatement de la République du Mali.
Le régime militaire malien semble avoir vite oublié ce que l’Algérie, son peuple et ses dirigeants ont fait pour préserver l’unité du Mali. En 2012, les groupes terroristes étaient sur le point de prendre la capitale Bamako, et l’Algérie a joué un rôle clé pour éviter la chute du pays. Entre 1989 et 1991, l’Algérie a accueilli plus de 100 000 réfugiés maliens fuyant une grave sécheresse, malgré ses propres difficultés économiques. Entre 2012 et 2015, elle a de nouveau accueilli au moins 80 000 réfugiés maliens, leur offrant refuge pendant plusieurs années, sans compter les aides alimentaires et médicales généreusement fournies.
La décision de fermer l’espace aérien était donc prévisible, en raison des provocations continues d’Assimi Goïta envers l’Algérie. Des experts estiment même que cette mesure aurait dû être prise plus tôt. L’Algérie a toujours considéré le Mali comme un pays frère et a fait preuve d’une grande retenue face au régime actuel. Mais Goïta a mal interprété cette patience et a franchi une ligne rouge.
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