Les raisons de l'expulsion du vice-consul marocain à Oran

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Les autorités compétentes ont décidé de considérer Mohamed Isafiani, le vice-consul général du Maroc à Oran, comme personna non grata et l'ont contraint à quitter le territoire national dans un délai de 48 heures, délai qui se termine aujourd'hui à midi.

L’administrateur par intérim du consulat général du Royaume du Maroc à Alger, Khalid Chihani, a été convoqué avant-hier au ministère des Affaires étrangères algérien, où il a été reçu par Mokhtar Amine Khelif, directeur général des protocoles, et informé que le vice-consul général du Maroc à Oran, Mohamed Isafiani, était considéré comme personna non grata.

Il a également été expliqué que cette décision était liée aux "comportements suspects" de la personne concernée, qui étaient incompatibles avec la nature de ses fonctions au sein du consulat, ce qui constitue une violation des lois algériennes en vigueur dans ce domaine, ainsi que des lois et conventions internationales pertinentes, en particulier la Convention de Vienne sur les relations consulaires.

Les "comportements suspects" ayant entraîné l'expulsion du diplomate marocain s'inscrivent dans la continuité des actions hostiles et dans la politique de mauvaise foi menée par le régime du Maroc à l'encontre de l'Algérie, qui n'a cessé depuis l'indépendance de ce pays. En dépit de la décision de l'Algérie de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021, suite à une décision du Conseil de sécurité nationale présidé par le président Abdelmadjid Tebboune, ces actions ont pris une tournure croissante sous diverses formes.

Cette décision survient après des résultats opérationnels obtenus récemment par les services de sécurité ciblant des cellules d'espionnage marocaines sur le territoire national, notamment dans la région ouest du pays, et coïncide avec l'arrestation d'un réseau terroriste ayant commis des actes barbares dans la wilaya d'Oran pour extorquer des familles en vue de financer et soutenir le terrorisme.

Avant cette expulsion, le président Abdelmadjid Tebboune avait affirmé avoir "repéré des cellules d'espionnage marocaines liées à Israël", dans le cadre de la décision de l'Algérie d'imposer des visas aux détenteurs de passeports marocains, dans un souci de "protéger la sécurité nationale du pays".

En ce qui concerne les développements récents, les services de sécurité ont fait état d'une augmentation sans précédent des activités marocaines suspectes, notamment après l'arrestation de ressortissants marocains recrutés pour des activités d'espionnage ou pour inonder le pays de drogues et de psychotropes (la dernière saisie ayant eu lieu il y a deux jours, avec l'arrestation de quatre ressortissants marocains et la saisie de 106 kilogrammes de kif traité, qu'ils tentaient d'introduire dans le pays par les frontières occidentales). Les derniers faits annoncés par les autorités judiciaires confirment que le réseau d'espionnage démantelé il y a quelques mois à Sidi Bel Abbès était dirigé par deux ressortissants marocains, "Abderrahmane Idrissi" et "Rachid Bouaïni", qui étaient impliqués dans l'espionnage pour le compte d'une entité étrangère sous couvert d'activités liées au plâtre.

Cela n'a pas été limité à ces deux individus, car les services de sécurité à Oran ont également détecté un autre suspect, "T. M. A.", un étudiant universitaire, qui a été poursuivi pour avoir propagé délibérément des informations fausses susceptibles de nuire à l'ordre public et à la sécurité publique, et pour avoir utilisé des technologies de l'information et de la communication pour recruter des personnes au profit d'une organisation terroriste.

 

Ces développements font écho à d'autres résultats obtenus par les services de sécurité en août 2024, lorsqu'un réseau composé de sept personnes, dont quatre marocains, a été démantelé à Tlemcen, et ces individus étaient liés à des activités d'espionnage et de collaboration visant à compromettre la sécurité de l'État, selon ce qu'a révélé le procureur de la République près le tribunal de Tlemcen, Mustapha Loba, début septembre.

Le président Tebboune avait précédemment indiqué que la décision d'imposer des visas aux ressortissants marocains était due à "la coopération sécuritaire" entre le Maroc et Israël, ainsi qu'à "la découverte de cellules d'espionnage".

En automne 2024, l'Algérie a décidé de "réintroduire immédiatement" l'obligation de visa pour les détenteurs de passeports marocains, accusant alors les autorités marocaines d'avoir "abusé de l'absence de visa entre les deux pays" et de s'être "engagées, malheureusement, dans des actions touchant à la stabilité et à la sécurité nationale de l'Algérie", y compris "la diffusion d'agents de renseignement israéliens" portant des passeports marocains pour pénétrer librement sur le territoire national.

Les actions de "Mohamed Isafiani" rappellent celles de son prédécesseur en 2020, le consul général du Maroc à Oran, qui avait qualifié l'Algérie de "pays ennemi", ce qui avait été jugé par l'Algérie comme une "atteinte grave aux normes et traditions diplomatiques" et un "comportement inacceptable ayant des conséquences sur les relations entre les deux pays", des relations devenues plus tendues et complexes au cours des quatre dernières années.