
L’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, a estimé que l’Algérie « gère mieux la crise politique sur le plan communicationnel et procédural » que son pays.
Selon le diplomate, cela se manifeste par le fait que « Paris annonce des mesures avant de les appliquer, tandis que l’Algérie prend des décisions exécutives directes ».
Lors d’une intervention sur la radio Europe 1 vendredi, il a cité en exemple le refus d’entrer sur le territoire opposé à l’influenceur "Doualemn" et la suspension des aides françaises aux centres culturels et aux écoles privées, soulignant que cette différence de gestion place la France en position de faiblesse face à l’Algérie.
Commentant le procès de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, tenu jeudi dernier, ainsi que les déclarations du président Emmanuel Macron à ce sujet, Driencourt a évoqué « de nombreuses contradictions dans la gestion française de la situation».
Il a suggéré que Sansal pourrait être condamné en guise de représailles après la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental ou maintenu en détention jusqu’au 5 juillet, avant de bénéficier d’une grâce présidentielle.
Parmi les contradictions qu'il relève, figurent l’envoi de la ministre de la Culture française au Sahara Occidental tout en demandant simultanément la libération de Sansal. Il a également dénoncé les divergences d’approche au sein même du gouvernement français, opposant les positions du ministre de l’Intérieur à celles de son collègue des Affaires étrangères.
S’agissant des propos de Macron sur le procès de Sansal, l’ancien ambassadeur a jugé incohérent le fait que le président français dise « avoir confiance dans la clairvoyance du président Tebboune pour résoudre cette affaire, tout en affirmant que cette situation ne fait pas honneur à l’Algérie. »
Interrogé sur la politique menée par le ministre de l’Intérieur français à l’égard de l’Algérie, Driencourt a exprimé son soutien à une approche plus ferme, allant jusqu’à préconiser une politique de flou et de non-annonce des mesures prises, à l’image de la méthode algérienne.
Sur le plan historique, il a vivement critiqué les thèses de l’historien Benjamin Stora concernant les relations franco-algériennes, l’accusant d’avoir fait du dialogue mémoriel la seule solution possible et de porter une part de responsabilité dans ce qu’il considère comme l’affaiblissement de la position française face à Alger. Selon Driencourt, Stora aurait influencé Macron sur les questions mémorielles en sa qualité de président de la commission mixte sur la mémoire.
Enfin, il lui reproche de ne pas avoir pris de position claire dans l’affaire Boualem Sansal.