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En réponse au rejet par l'Algérie, ce lundi, de la liste des Algériens faisant l'objet de décisions d'expulsion du territoire français, remise par le chargé d'affaires de l'ambassade de France en Algérie, la France a annoncé la suspension de l'accord d'exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques algériens, comme l'a déclaré le ministre français de l'Intérieur, ce lundi, dans une interview à la radio "France Inter".
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a soutenu cette mesure et a appelé à l'invitation de l'ambassadeur français en Algérie dans une interview avec la chaîne "TF1". Retailleau a commenté, hier, la position algérienne sur la plateforme "X" déclarant regretter que "l'Algérie refuse d'appliquer le droit international", et a menacé de prendre "de nouvelles mesures dans le cadre du comité ministériel présidé par le Premier ministre", en faisant référence à la décision récente qui a suspendu l'accord de 2007, offrant aux diplomates algériens le privilège d'entrer en France sans visa, avec la possibilité de prendre d’autres mesures.
La députée d'extrême droite, Marine Le Pen, est intervenue en demandant au gouvernement français d'"agir immédiatement en gelant l'octroi de visas, en suspendant l'aide financière, et même en annulant les accords de 1968 qui accordent des privilèges particuliers aux Algériens en matière de résidence et de travail en France", saisissant l'occasion pour attiser la situation et tirer profit de la crise.
L'Algérie a rejeté une liste remise par le chargé d'affaires de l'ambassade de la République française en Algérie, comprenant les noms des citoyens algériens pour lesquels des décisions d'expulsion ont été prises, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Sur le plan formel, "l'Algérie a précisé qu'il est impossible pour la France de décider unilatéralement de revoir les voies habituelles pour traiter les cas d'expulsion. Par conséquent, la partie française a été invitée à respecter la procédure en vigueur dans ce domaine, en suivant les voies convenues, c'est-à-dire celles qui existent entre les départements français et les consulats algériens compétents, tout en préservant la méthode de traitement, à savoir l'examen des demandes d'expulsion au cas par cas", selon le communiqué.
Concernant le fond, selon le même communiqué, "la réponse algérienne a confirmé que le protocole d'accord de 1994 ne peut être appliqué indépendamment de l'accord de 1974 sur les relations consulaires, qui reste le cadre de référence principal dans le domaine consulaire entre les deux pays. De ce point de vue, l'exécution de l'un de ces textes juridiques ne doit pas se faire au détriment de l'autre, surtout lorsqu'il s'agit de garantir le respect des droits des personnes concernées par les mesures d'expulsion."
L'Algérie a également protesté contre l'approche sélective de la France concernant les accords bilatéraux et internationaux entre les deux pays, et a réaffirmé que "le principal moteur de la position algérienne est de respecter le devoir de fournir une protection consulaire à ses ressortissants à l'étranger".