Dans cet entretien exclusif accordé à El Khabar, Islam Slimani revient sur les raisons de son départ du CR Belouizdad, son transfert au club belge de Westerlo, ainsi que sur sa relation avec l'entraîneur Abdelkader Amrani. Il répond également aux critiques sur son dernier passage en Algérie, notamment celles qui le qualifient d'échec ou le soupçonnent de rechercher uniquement un gain financier. Slimani affirme qu'il a encore beaucoup à offrir et qu'il vise de nouveaux défis, dont un retour en équipe nationale.
Votre départ soudain du CR Belouizdad pour Westerlo a surpris beaucoup de monde. Pouvez-vous nous expliquer les raisons et les motivations de ce choix ?
Cela s’est fait en accord avec la direction du CR Belouizdad. Avant de signer mon contrat, je les avais informés que certaines obligations personnelles pourraient m'obliger à partir pendant le mercato hivernal actuel. La direction a compris ma situation et m'a facilité les choses, d'autant plus que l'équipe, malheureusement, a été éliminée de la Ligue des champions d'Afrique. Mon départ est sous forme de prêt, et je reviendrai à la fin de la saison.
Certains estiment que vous avez fui vos responsabilités en laissant l’équipe dans une situation difficile, surtout après l’élimination de la Ligue des champions. Que répondez-vous ?
L’équipe n’est pas dans une situation difficile. Comme je l’ai dit, j’ai laissé derrière moi un bon groupe avec d'excellents joueurs. Les résultats en championnat et en Coupe d’Algérie sont très positifs.
Selon vous, quelles sont les raisons de l’échec en Ligue des champions ?
L’entraîneur en a déjà parlé récemment. Vous ne pouvez pas viser le sacre en Ligue des champions si vous ne disposez même pas d’un terrain d'entraînement. Contrairement à ce que pensent beaucoup, je considère que l’équipe est encore en phase d’apprentissage et d’acquisition d’expérience. Elle apprendra de ses erreurs et finira par atteindre l’objectif fixé, à savoir remporter le titre continental.
Le président du CR Belouizdad a déclaré que vous avez été affecté par les critiques récentes, notamment celles de l'entraîneur Knaoui, qui vous a qualifié de "recrue ratée". Qu’en pensez-vous ?
Qui est Knaoui ? C’est un journaliste ou un analyste ?
C’est un entraîneur…
Je vous jure que je ne le connais même pas. Comment pourrais-je être affecté par ses critiques ? Après toutes ces années et ce parcours, je ne suis pas du genre à être influencé si facilement.
On dit aussi que vous êtes revenu au CR Belouizdad uniquement pour l'argent…
Je suis revenu au CR Belouizdad pour rendre à ce club ce qu’il m’a donné. Je suis revenu pour servir l’équipe en mettant mon expérience à son service. L’argent, après toutes ces années de professionnalisme, est la dernière de mes préoccupations. Je suis un joueur de défis, je respire le football et je prends plaisir à le pratiquer. Si je cherchais de l’argent, je serais allé jouer dans les championnats du Golfe.
Rabhi a déclaré à la radio que vous étiez souvent distrait et peu concentré…
(Interrompt) Je ne veux pas entrer dans une polémique stérile. Peut-être que j’étais distrait parce que, après 12 ans de carrière à l’étranger, je ne m’attendais pas à devoir me demander à chaque fois sur quel terrain nous allions nous entraîner.
Pouvez-vous nous éclairer sur ce qui s'est passé avec l'entraîneur Amrani ? On parle d'un refus de votre part de rester sur le banc…
C'était juste un malentendu. Mis à part cela, ma relation avec Amrani repose sur un respect mutuel, et c’est le plus important.
Regrettez-vous votre retour dans le championnat algérien ?
Peut-on regretter de revenir chez soi, dans le club qu’on aime ? Impossible. Ce fut une courte expérience, au cours de laquelle j'ai tenté d'utiliser mon expérience pour aider le club à progresser. Je suis revenu pour atteindre certains objectifs, et je reviendrai plus tard pour les concrétiser.
Vous avez quitté le championnat algérien en 2013 et vous êtes revenu en 2024. Qu’est-ce qui a changé selon vous ?
La situation financière des clubs s’est améliorée. Je ne parle pas des salaires, qui restent une obsession pour certains, car ils sont bien plus élevés dans les championnats voisins. Je parle plutôt de la prise en charge des joueurs, notamment en termes de déplacements, qu’ils soient locaux ou internationaux.
Et sur le plan technique ?
Il y a beaucoup de talents dans le championnat algérien, même s’il est évident qu'il y a un manque criant de formation.
Parlez-nous un peu de votre nouveau club, Westerlo ?
C'est un club respectable en Belgique, qui dispose de toutes les infrastructures et installations nécessaires pour permettre aux joueurs de se concentrer uniquement sur leur travail.
Passons à l'équipe nationale. Il y a un an, vous étiez en Côte d'Ivoire. Avec le recul, avez-vous une explication à ce qui s’est passé ?
C’était une nouvelle désillusion, comme celle du Cameroun auparavant. Le football est ainsi fait. Nous avons brillé pendant des années, remporté la CAN, puis est venue une période de déclin. C’est la loi du sport.
L’éviction de Belmadi, selon vous, était-elle justifiée ?
Honnêtement, je ne sais pas s’il a été limogé ou s'il a démissionné. Quoi qu’il en soit, le sort d’un entraîneur est toujours lié aux résultats, et tout le monde en est conscient, y compris Belmadi lui-même. Mais il ne faut pas oublier tout ce qu’il a apporté à l’équipe, notamment la victoire en Coupe d’Afrique des Nations en Égypte.
Que pensez-vous de son successeur, Petkovic ?
Les résultats jouent en sa faveur, ce qui prouve qu'il effectue un bon travail.
Aspirez-vous toujours à un retour en sélection nationale ?
Bien sûr, j’ai beaucoup donné à l’équipe nationale, et j’ai encore beaucoup à offrir. Comme je l’ai dit, je suis un joueur ambitieux et de défis. Je garde donc l'espoir de revenir un jour en sélection.
On parle actuellement de l’arrivée de Rayan Cherki en équipe nationale. Avez-vous évoqué ce sujet avec lui lors de votre passage à l'Olympique Lyonnais ?
À l'époque, il était encore très jeune et ne pensait pas vraiment à son avenir international ni à l’équipe d’Algérie en particulier. Mais les choses évoluent avec le temps. Quoi qu'il en soit, ma position reste inchangée : l’équipe nationale n’est pas un club que l’on choisit. Soit on est Algérien, soit on ne l’est pas.
À 36 ans, bientôt 37, beaucoup de joueurs pensent à la retraite. Mais vous semblez avoir encore de nombreux objectifs…
J’ai toujours la même passion pour le football. Je prends plaisir à jouer et j’aime les défis. Je ne suis pas prêt à abandonner.
Enfin, ressentez-vous un manque de reconnaissance en Algérie malgré tout ce que vous avez apporté à la sélection ?
Comme le dit le proverbe : "Nul n’est prophète en son pays."