La France est incapable de se débarrasser de ses politiques coloniales

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Loin de faire des relations algéro-françaises comme une référence pour évaluer le comportement de la France envers les pays victimes de colonialisme, ou de les comparer à d'autres puissances coloniales à l’instar du Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne, la Belgique ou les Pays-Bas, la France se distingue par une position atypique. Elle maintient des relations tendues avec son environnement africain et méditerranéen, souvent marquées par des tensions, des complexes historiques et une approche archaïque et rétrograde basée sur le principe "perdant-gagnant". Cette approche reste emprisonnée dans un cadre mental du XXᵉ siècle.
Cette observation n'est pas dictée par une préférence ou une émotion chauvine, mais plutôt par les déclarations de nombreux dirigeants africains ayant récemment décidé de mettre fin à la présence française dans leurs pays. Contrairement à la France, des puissances coloniales comme le Royaume-Uni, l'Italie ou la Belgique ont su établir des relations normales avec leurs anciennes colonies, présentant des excuses officielles et dépassant ainsi cette phase historique pour éviter toute exploitation politique du passé.
Un exemple frappant est la comparaison entre les anciennes colonies britanniques comme l'Inde, les États-Unis, le Canada ou l'Irak, où les relations sont relativement apaisées, et les anciennes colonies françaises, où la tension persiste. Paris continue de s'immiscer dans les affaires internes de ses anciennes colonies pour maintenir un lien de dépendance.
L’approche de la France en Afrique sous Macron, marquée par le paradigme "Françafrique", reflète une incapacité à développer une politique étrangère débarrassée de son complexe de supériorité. Cette attitude suscite des soupçons et compromet sa crédibilité auprès des partenaires africains et méditerranéens.
Les interventions militaires françaises au Sahel, notamment les opérations "Barkhane" et "Serval", ont été critiquées non seulement pour leur inefficacité mais aussi pour leur absence de réels intérêts pour les populations locales. Les récentes annulations d'accords avec des pays comme le Niger, le Burkina Faso ou le Tchad illustrent la rupture entre la France et ses anciens alliés.
Les déclarations récentes du ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, selon lesquels la contribution française au Tchad pendant 60 ans n'a servi que ses propres intérêts stratégiques sans impact durable sur le développement du pays, sont révélatrices. Ces critiques s’ajoutent à celles de nombreux dirigeants africains qui dénoncent l’approche paternaliste et inefficace de Paris.
Face à ces réalités, la France est appelée à entreprendre une révision profonde de ses politiques extérieures, tant au niveau stratégique qu'idéologique. Cela pourrait lui permettre de se libérer de ses erreurs historiques et de construire des relations fondées sur le respect mutuel et la coopération réelle.