Les pays occidentaux suivent de près l'évolution des événements en Syrie après la chute du régime d'Assad et l'entrée des forces de l'opposition dans la capitale Damas. La situation demeure floue, en raison du manque de clarté de l'opposition sur ses projets post-régime.
L'opposition syrienne a anticipé les préoccupations occidentales par une démarche politique inattendue, en demandant au gouvernement syrien, qui était sous Assad, de continuer à gérer les affaires courantes et à assurer les services publics jusqu'à ce qu'un contexte propice à une transition de pouvoir en douceur soit établi. Qu'il s'agisse d'un choix politique surprenant, en accord avec des arrangements préalables ou d'une initiative prise de manière autonome par l'opposition, cette démarche a contribué à apaiser la situation, garantir la sécurité et prévenir les actes de vandalisme ou les atteintes aux infrastructures publiques.
Cette initiative, accompagnée d'une série de décisions prises par la salle d'opérations militaires de l'opposition, visant à réguler le comportement des combattants et à interdire toute modification ou atteinte aux biens publics, ainsi qu'à éviter toute interaction avec les soldats et policiers syriens qui déposeraient leurs armes, a joué un rôle important dans le changement des positions internes. Elle a créé une atmosphère de tranquillité et de sécurité, tout en indiquant qu'il existait un consensus interne et un tournant vers une réconciliation politique, avec l'objectif de neutraliser toute tentative de vengeance ou de tensions politiques et sectaires, et d'empêcher tout affrontement interne.
Dans ce contexte, le président de l'Alliance des forces de la révolution et de l'opposition syrienne, Hadi al-Bahra, a déclaré qu’il n’y aura pas " de crimes ou de violations majeures". En réponse à une question concernant les craintes dans les rues arabe et syrienne d'une répétition de l'expérience libyenne après la victoire de la révolution syrienne, il a précisé : "Nous dissipons cette inquiétude en montrant la situation sur le terrain, tout est transparent, et les médias suivent les étapes qui ont eu lieu, avec une amélioration visible de la vie des habitants dans les villes libérées".
Les déclarations de la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, qui a affirmé : "Le pays ne doit pas tomber maintenant entre les mains d'autres extrémistes, peu importe sous quelle forme ils se présentent", reflètent les préoccupations des puissances occidentales, y compris Washington, concernant l'émergence de groupes radicaux, en particulier le visage le plus connu des groupes armés, Ahmad al-Shara, alias Mohammed Joulani, classé par Washington et les pays occidentaux comme "terroriste" lorsqu'il dirigeait le groupe Jabhat al-Nusra, lié à Al-Qaïda. Cependant, ses évolutions politiques au sein de "Hayat Tahrir al-Sham", son abandon du soutien à Al-Qaïda depuis 2017, puis sa fusion avec plusieurs factions et la mise en place d'une structure politique et de services pour l'opposition syrienne, ainsi que son rôle dans la chute de Bashar al-Assad, pourraient inciter Washington et les pays occidentaux à réévaluer leur position et à prendre en compte la nouvelle réalité syrienne, y compris la figure de Joulani, d'autant plus que des expériences passées, comme celle des Talibans, renforcent cette possibilité.
Cependant, ce qui accroit l'incertitude des puissances occidentales, incapables jusqu'à présent de formuler une position claire sur la phase à venir, est lié principalement à la question palestinienne, au plateau du Golan occupé et à l'entité sioniste dans le projet des groupes qui ont pris le contrôle de Damas. Il s'agit d'un point extrêmement sensible, un facteur déterminant pour l'Occident dans le contexte de la Syrie post-Assad