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Le bureau d'Amnesty International en France a refusé de condamner l'arrestation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, détenu par la justice algérienne depuis environ deux semaines.
L'organisation a justifié sa position par le fait qu'elle n'a "pas encore pu vérifier de manière indépendante les éléments concernant l'arrestation de l'écrivain". Amnesty a néanmoins appelé, via son compte français sur la plateforme "X", hier, les autorités algériennes à "indiquer clairement les raisons de son arrestation et à lui porter rapidement des accusations pour un crime reconnu par le droit international ou à le libérer".
Malgré l'atmosphère de pression en France, marquée par des campagnes politiques hostiles à l'Algérie, notamment de figures de l'extrême droite, et des déclarations politiques appelant à la libération de l'écrivain, émanant des ministres français de l'Intérieur et des Affaires étrangères, le bureau d'Amnesty en France a choisi de ne pas se laisser entraîner dans cette dynamique. L'organisation a évité de s'engager dans la politique, conscient que cette affaire ne relève pas uniquement de la liberté d'expression, mais comporte également une dimension politique, mise en évidence par les réactions de certains courants politiques hostiles à l'Algérie, au détriment des intellectuels et écrivains qui se sont limités à une simple lettre de soutien.
La presse française, proche de l'extrême droite, a tenté de mettre l'organisation en difficulté en comparant sa capacité à repérer des éléments de génocide à Gaza, en Palestine, malgré la guerre en cours, avec son incapacité à détecter des abus dans l'arrestation de Boualem Sansal, en raison du manque d'informations disponibles, selon le quotidien Le Figaro.
Cependant, cette comparaison semble déplacée, car les éléments du génocide et du nettoyage ethnique à Gaza sont évidents et font l'objet d'une décision judiciaire internationale ainsi que d'un mandat d'arrêt pour les responsables, tandis que l'affaire Boualem Sansal en est encore au stade de l'enquête et relève de plusieurs articles de la législation locale. Il y a donc une grande différence entre les deux cas.
Ce qui est frappant, c'est que de nombreuses figures de l'extrême droite, dont Éric Zemmour, Marine Le Pen, Sarah Knafo, le diplomate français Xavier Driencourt et Céline Pina, se sont activement mobilisées pour la libération de l'écrivain, aux côtés du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), et de nombreux politiciens connus pour leur animosité envers l'Algérie. Cela démontre cette mobilisation est politique et idéologique, et non pas simplement liée à la question de la liberté d'expression. En effet, ces personnalités ne se sont pas exprimées lorsque des dizaines de journalistes ont été tués à Gaza.