Après l’annonce de la dissolution de tous les mouvements de l’Azawad sous le « cadre stratégique permanent pour la défense du peuple Azawad», et leur fusion en une seule organisation nommée Front de Libération de l’Azawad (FLA), El-Khabar a réalisé un entretien exclusif avec le porte-parole de cette nouvelle organisation, Mohamed El-Mouloud Ramadan, pour discuter des motifs de cette décision et des perspectives de la nouvelle structure.
Après plus d'un an depuis l'annonce de l'idée d'intégration en une seule organisation, vous avez réussi à la concrétiser, en attendant la finalisation de la structuration. Qu'est-ce qui va changer dans votre approche, vos revendications et les accords conclus dans le cadre de l'organisation précédente, le cadre stratégique permanent ?
Pour nous, c’est une étape historique, une demande du peuple azawadien dans son ensemble, des chefs de tribus, des juges, des organisations de jeunes et de femmes, qui ont constamment exercé des pressions sur les dirigeants des mouvements intégrés dans le « cadre stratégique permanent » depuis le début des combats contre l’armée malienne et les mercenaires de Wagner. Il y avait un besoin urgent d’unification des mouvements et de leurs revendications, car nous fonctionnions en tant que mouvements séparés, chacun ayant sa propre direction, ses spécificités et ses caractéristiques. Cela ralentissait la prise de décision, la formulation des stratégies et leur mise en œuvre.
Aujourd'hui, nous opérons sous une seule structure, avec un bureau exécutif unique qui représente toutes les parties du peuple Azawad et toutes les zones géographiques de l'Azawad.
Il s’agit donc d’une nouvelle phase de la lutte pour l'Azawad, une phase d’unité pour mieux affronter l'ennemi à Bamako et ses alliés, y compris la Russie et la coalition des pays du G5 Sahel.
Nos revendications sont claires et restent inchangées : le droit à l’autodétermination et la libération totale du territoire Azawad. La décision d’unification n’a aucun impact sur ces objectifs. Au contraire, elle va permettre de faciliter la mise en œuvre de plusieurs projets qui étaient en suspens à cause de la division entre les groupes. Le processus d’unification nous donne désormais la capacité de mieux organiser nos actions et de faire avancer nos idées, qui étaient auparavant retardées en raison des divergences entre les différentes factions. Cette unification facilitera également la mise en œuvre des idées et des projets qui étaient bloqués à cause des divisions.
Dès que vous avez annoncé la fusion, les forces du gouvernement de transition ont assassiné des dirigeants de premier rang, rompant ainsi la trêve, cela a-t-il des conséquences politiques et sécuritaires ?
Malheureusement, dès le lendemain de la signature de la charte qui officialisait cette étape historique, des frappes ont eu lieu via des drones turcs, exécutées par les putschistes à Bamako. Ces frappes ont visé un endroit où se trouvaient plusieurs des dirigeants du nouveau mouvement ainsi que des civils et des chefs traditionnels venus soutenir cette initiative et participer à l'événement.
Je tiens à préciser qu’il n’y a pas de cessez-le-feu avec les putschistes. Nous sommes en guerre avec eux, et nous riposterons. Nous continuerons la lutte pour honorer ceux qui sont tombés, que ce soit récemment ou au fil des décennies. La perte de ces combattants et de notre peuple ne fait que renforcer notre détermination à atteindre nos objectifs.
La fusion suscite des inquiétudes à Bamako, semble-t-il. Avez-vous de nouvelles conditions en cas de reprise des négociations ?
Il est encore trop tôt pour parler de négociations avec le gouvernement malien, ce n’est pas dans notre projet. Nous sommes en guerre contre l'armée malienne, les mercenaires de Wagner et leurs alliés. Nous devons défendre notre peuple, libérer notre territoire et vaincre l’ennemi. Je confirme qu’il n’y a aucune volonté de négocier avec le gouvernement malien. Ce sont eux qui ont choisi la guerre en se retirant de tous les accords que nous avions signés avec eux. C’est à nous de décider quand et où cette guerre prendra fin.
Quelles sont les prochaines étapes et quelle est la nature de la direction et de l'organisation du FLA ?
La prochaine étape est que nous sommes en guerre, et cette guerre continuera. Je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit de plus important que cela. Nous allons nous concentrer sur le terrain, car c'est la priorité absolue. Certes, d'autres entités se consacrent à des tâches diplomatiques et humanitaires, mais le plus important est de faire face à cet ennemi brutal qui ne fait pas la distinction entre civils et militaires. Désormais, tout le peuple azawadien est une cible pour eux.
Quant à la direction et à la structure organisationnelle, il y aura une direction politique et une direction militaire. Un bureau exécutif sera installé, présidé par un secrétaire général. Il y aura aussi une direction militaire, comprenant des Assemblées législatives et judiciaires.