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Des historiens, philosophes et écrivains français a lancé une pétition de solidarité avec l'académicien franco-algérien Nedjib Sidi Moussa.

Le chercheur en sciences politiques et spécialiste de l’histoire moderne de l’Algérie a été victime d'une attaque raciste sans précédent sur les réseaux sociaux après sa participation à l’émission "C Politique" sur France 5, le dimanche 24 novembre. Le débat portait sur la question de la mémoire algéro-française, à la suite de l'arrestation de l’écrivain Boualem Sansal.

Bien que Sidi Moussa ait clairement exprimé son "refus de la mesure arbitraire prise contre Sansal", il a également appelé à une "lecture plus sobre et équilibrée" des positions de Sansal, évoquant ses écrits récents controversés dans des journaux d’extrême droite français.

Le jour suivant l’émission, le compte "Destination Télé" sur la plateforme "X" (anciennement Twitter), connu pour ses inclinations d'extrême droite, a exploité un extrait de l’émission à laquelle Sidi Moussa avait participé, lançant une attaque contre la chaîne en la qualifiant de "Algerie 5", tentant ainsi de remettre en cause sa neutralité et de lier celle-ci aux origines algériennes du chercheur.

L'attaque s’est intensifiée lorsque la sociologue Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), a qualifié Sidi Moussa de "pauvre idiot", tandis que la remarque la plus raciste est venue du dessinateur satirique Xavier Gorce, qui a qualifié le chercheur de "vendeur de tapis islamiques", l'accusant d’avoir des "penchants terroristes". Ces propos ont dépassé le cadre de la critique en déshumanisant le chercheur et en associant directement ses opinions à ses origines algériennes dans une campagne raciste profondément enracinée. Le soutien à ces insultes est également venu du journaliste Jean Quatremer, qui a qualifié Sidi Moussa de "terroriste en puissance" dans un tweet ultérieur.

Les positions de Sidi Moussa n'étaient pourtant pas fondamentalement différentes de celles d'autres participants au débat, comme l’historien français Sébastien Ledoux, qui n’a pas fait l’objet de la même attaque. Cette cible systématique révèle un double standard : toute personne d'origine algérienne qui adopte des positions "équilibrées" est perçue comme une menace et un terroriste, tandis que ceux portant des noms et titres occidentaux sont mieux traités.

Le site français "Mediapart" a souligné qu'à l’opposé des accusations portées contre lui, la carrière intellectuelle et académique de Sidi Moussa a toujours présenté des réflexions approfondies sur l’analyse des relations algéro-françaises, plaidant pour une relecture du passé "sans exagération ni parti pris".

Le site a également indiqué qu’un groupe d’historiens, de philosophes et d’écrivains français a signé une pétition de solidarité avec le chercheur franco-algérien, exprimant leur condamnation des insultes et du racisme dont il a été victime.