Les dessous et messages du remaniement du gouvernement

+ -


Le remaniement gouvernemental, opéré par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, hier, a comporté des changements aussi bien dans les visages que dans les structures de certains ministères, laissant de nombreuses interrogations sur la finalité de ces touches apportées par le premier responsable du pays à son équipe, ainsi que sur les messages qu'il a voulu faire passer par la séparation de certains ministères, en créant des secrétariats d'Etat et en ajoutant de nouvelles missions à d'autres.
Des remaniements gouvernementaux ont déjà été opérés auparavant et ont donné lieu à de tels changements de structures, dont certains ont été revus par les présidents des années plus tard, lorsqu'on se rend compte de leur inutilité, alors que d'autres changements ont atteint l’objectif escompté.
Pour ce qui est du nouveau remaniement ministériel, il s'est écarté du schéma des changements, par rapport aux ajustements du premier mandat, et est allé jusqu'à scinder des ministères et créer plusieurs postes de secrétaire d'État et de vice-ministres dans plusieurs départements ministériels, formant une équipe gouvernementale de 43 membres, dont la plupart sont des visages familiers, bien que les observateurs s'attendaient à ce que Tebboune procède à une chirurgie plus profonde de l'équipe gouvernementale, sur la base de certains indicateurs tels que le report de l'opération après la discussion de la loi de finances 2025 et les déclarations du président lors de la réunion régulière avec la presse nationale au sujet de la nomination de personnes hautement qualifiées, et d'autres indicateurs.
En notant les changements intervenus dans les deux ministères du commerce, qui ont été scindés en deux ministères, il est clair que le président Tebboune a créé un « bras » du commerce extérieur au sein du gouvernement, avec la nomination de Mohamed Boukhari au poste de ministre du commerce extérieur et de la promotion des exportations, ce qui indique la volonté de Tebboune de stimuler les exportations, dont il a parlé de la tendance à la hausse depuis son arrivée au pouvoir.
Ce qui est plus remarquable dans le nouveau gouvernement c’est la création de deux postes de secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, l'un chargé de la communauté nationale à l'étranger et l'autre des affaires africaines, ce qui semble être un effort pour rapprocher la diaspora algérienne de sa mère patrie afin de contribuer à l'effort national et de renforcer le « lobbying » algérien à l'étranger, et pour le second, de promouvoir l'intérêt pour la profondeur africaine de l'Algérie et de développer les relations avec les pays du continent africain, surtout après l'infiltration et l'incursion de l'entité sioniste dans le riche continent.
On peut également noter que la jeunesse et les sports ont été séparés et confiés à Mustapha Haidaoui en tant que ministre de la Jeunesse, chargé du Haut Conseil de la Jeunesse, et à Walid Sadi, dont la nomination a surpris le milieu sportif, en tant que ministre des Sports, une décision dont le gouvernement avait déjà été témoin, étant donné les différentes tâches, objectifs et activités au niveau de ce département ministériel, selon les analyses reçues de la part des personnes affiliées au secteur.
On peut également remarquer que de nouvelles tâches ont été ajoutées au ministère de l'environnement, à savoir la « qualité de la vie », attribuée à Najiba Djillali, président de l’Assemblée Populaire de wilaya d’Alger, qui est politiquement affilié au parti du Front de libération nationale.
Ce choix a suscité de nombreuses interrogations quant à la nature précise de cette nouvelle mission et à ses impacts directs sur la vie quotidienne des citoyens.
En effet, la notion de "qualité de vie" est vaste et pourrait englober des domaines variés tels que l'environnement, la santé publique, les infrastructures urbaines, les transports, ou encore l'aménagement du territoire. Cela laisse place à plusieurs hypothèses concernant la manière dont ces missions seront concrètement mises en œuvre.
Le remaniement a également entraîné des changements importants dans la répartition des ministères, avec plusieurs ministres transférés vers de nouvelles fonctions. Ainsi, l'ancienne ministre de la Culture, Soraya Mouloudji, a été nommée ministre de la Solidarité nationale, tandis que l'ex-ministre de la Solidarité, Krikou, a été affectée au ministère des Relations avec le Parlement.
Par ailleurs, Bessma Azouar, qui était ministre des Relations avec le Parlement, a quitté le gouvernement pour revenir à l’Assemblée nationale populaire, après avoir occupé un poste exécutif au début du mandat présidentiel de Tebboune.
Ce remaniement a également concerné Yassine Mahdi Walid a été transféré du poste de ministre de l’Économie de la connaissance, des Start-ups et des PME au ministère de la Formation professionnelle.
En outre, plusieurs nouveaux postes ont été créés, signalant une volonté de décentraliser certaines fonctions ministérielles. Ainsi, Fouad Hadji a été nommé ministre délégué auprès du ministre de l’Industrie, chargé de la production pharmaceutique.
De même, Kheira Tafer a été nommée secrétaire d’État auprès du ministre de l’Énergie, chargée des mines, tandis que Noureddine Yassaa a été désigné secrétaire d’État auprès du même ministre, en charge des énergies renouvelables.
Parmi les autres décisions marquantes, on peut citer la disparition du ministère de la pêche, le licenciement du ministre de l'industrie Ali Aoun, du ministre des relations avec le Parlement Basma Azouar et du ministre de la communication Mohamed Laagab, sur fond de ce qui a été qualifié dans les médias de « graves erreurs » commises par ces derniers.