Le rapport de la Banque mondiale sur la situation économique de l'Algérie pour l'automne 2024 indique que la croissance économique reste forte, avec une inflation progressivement maîtrisée au cours du premier semestre de 2024. Toutefois, la pression sur le budget public et le solde extérieur a augmenté. Le dynamisme économique continue d'être soutenu par la croissance des secteurs non extractifs et les investissements.
Le rapport met en lumière les solides performances économiques de l'Algérie, tout en soulignant la nécessité de mettre en place une série de politiques économiques complémentaires pour diversifier les exportations et garantir une croissance durable. Le rapport considère que le potentiel de croissance des exportations hors hydrocarbures de l'Algérie reste considérable.
Selon ce rapport, intitulé "L'Algérie : Renforcer le cadre des politiques économiques pour soutenir la diversification des exportations", la diversification des produits et des marchés d'exportation, accompagnée de l'augmentation de la valeur ajoutée, sera cruciale pour atteindre l'objectif du gouvernement de 29 milliards de dollars d'exportations non pétrolières d'ici 2030. Pour ce faire, il est recommandé de mettre en place un cadre macroéconomique axé sur l'amélioration de la productivité des entreprises, la compétitivité des exportations et une meilleure intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
Le rapport indique également que l'économie algérienne a enregistré une croissance de 3,9 % au premier semestre de 2024 par rapport à la même période de l'année précédente, malgré une baisse de la production d'hydrocarbures en raison des engagements dans le cadre de l'accord OPEC+. Cette croissance a été soutenue par un secteur agricole résilient et des investissements accrus. Les experts de la Banque mondiale notent que le pays a connu une amélioration de la stabilité des prix, avec une inflation réduite à 4,3 % durant les neuf premiers mois de 2024, grâce à la stabilité des prix des produits frais, à des coûts d'importation modérés et à un taux de change stable.
En outre, le rapport souligne l'importance d'améliorer la productivité, y compris dans les entreprises publiques. Les experts recommandent de renforcer l'environnement des affaires, d'augmenter l'efficacité des marchés des facteurs de production, et de développer le secteur financier tout en activant la productivité du travail.
Bien que la croissance économique soit restée solide, soutenue par les secteurs non extractifs et les investissements, le produit intérieur brut (PIB) a légèrement ralenti au premier semestre 2024 à 3,9 % en raison d'une forte croissance dans les secteurs non extractifs. Le secteur des investissements a accéléré, stimulant les importations, tandis que la consommation privée et publique est restée forte. Le secteur non extractif a particulièrement tiré profit de la production agricole dans la région nord-centre du pays.
Le rythme de croissance des investissements a accéléré, ce qui a stimulé les importations, tandis que la consommation privée et publique est restée forte. Les données sur l'éclairage nocturne ont montré que la croissance du secteur non extractif était principalement soutenue par la région nord-centre du pays. La croissance multisectorielle du PIB non extractif a été particulièrement soutenue par une production agricole robuste. Cependant, le PIB extractif est resté stable au premier semestre 2024, avec une croissance de 1,0 % par an, après des réductions des quotas de production de pétrole brut algérien en janvier et une baisse de la demande européenne de gaz.
Ralentissement significatif de l'inflation en 2024
L'institution de Bretton Woods a observé que, grâce à la stabilité des prix des produits alimentaires frais, les prix des importations ont diminué et le taux de change s'est stabilisé. Après avoir atteint 9,3 % en 2022 et 2023, l'inflation a chuté à 4,3 % en glissement annuel au cours des neuf premiers mois de 2024, en raison de la stabilité des prix des produits agricoles frais depuis le second semestre de 2023, après une forte hausse.
La baisse de l'inflation a également été soutenue par une forte production agricole, la levée des restrictions sur l'importation de viandes, et la stabilité du taux de change après que la Banque d'Algérie ait mis fin à 14 années de dépréciation de la monnaie au milieu de l'année 2022. La politique monétaire est restée accommodante, avec un taux d'intérêt principal inchangé depuis mai 2020, tandis que la masse monétaire et le crédit au secteur privé ont accéléré au cours des neuf premiers mois de 2024.
Bien que les exportations de pétrole aient diminué et que les importations et les dépenses publiques aient augmenté, le solde du compte courant est resté équilibré, et bien qu'il y ait eu une augmentation du déficit budgétaire, ce dernier est resté acceptable et loin des niveaux élevés.
Les réserves de change de l'Algérie ont légèrement augmenté, atteignant environ 16,2 mois d'importations de biens et services à la fin de septembre 2024. En dépit de la baisse des revenus pétroliers, cette hausse des réserves a été soutenue par l'augmentation des dépenses courantes et des investissements publics, y compris une récente vague de trois hausses de salaires dans le secteur public, ainsi que par une augmentation du déficit budgétaire, qui a atteint 5,2 % du PIB en 2023. Ce déficit a été principalement financé par les économies pétrolières, tandis que la dette publique a augmenté de manière modeste.
Le rapport du Banque Mondiale note que, malgré l'augmentation de la dette publique, celle-ci reste limitée au niveau national, avec des taux d'intérêt faibles et des échéances longues, ce qui la maintient dans des marges flexibles. Cependant, en raison de la hausse des dépenses publiques rigides, telles que les salaires, et de la dépendance de l'économie vis-à-vis des importations, les fluctuations imprévues des prix mondiaux des hydrocarbures, dans un environnement marqué par une incertitude géopolitique, représentent un défi pour les perspectives de l'économie algérienne à moyen et long terme.