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Le Salon international du livre d'Alger (SILA 2024) a été marqué par une ruée intense de jeunes pour obtenir une dédicace de l'écrivain saoudien Osama Al-Muslim, ce qui a suscité étonnement et choc dans les milieux culturels.
Des écrivains et critiques se sont exprimés pour tenter de comprendre ce phénomène et analyser le profil de ce public, lequel a occasionné des évanouissements, des chutes, et l'intervention des forces de l’ordre pour maintenir l’ordre.
Les réactions des internautes sur les réseaux sociaux ont varié. Certains ont condamné ces scènes, les considérant comme excessives et attribuées à des adolescents, alors que d’autres ont vu dans ce phénomène un sujet digne d'analyse, soulignant la nécessité de le considérer comme une composante de la scène littéraire en général.
Bien que les avis oscillent entre le choc et l’indignation face à ce que certains qualifient de « littérature superficielle » destinée aux adolescents, d’autres écrivains ont tenté d’en proposer une analyse initiale, estimant que ces manifestations de lecture font partie intégrante du paysage littéraire et méritent d'être étudiées.
Dans ce cadre, le célèbre écrivain Wassini Al-Araj, s’est interrogé sur sa page Facebook, en se demandant comment interpréter cette ferveur autour de la lecture ? Est-ce une mode éphémère ou un aperçu des nouvelles tendances de lecture.
Selon lui, ce phénomène « devrait être analysé au lieu d’être ridiculisé », invitant les critiques à s’y pencher sérieusement.
De son côté, l’écrivain et activiste culturel, Abdelrazak Boukkeba, a évoqué une réflexion qu'il avait formulée il y a dix ans, en estimant que l’acceptation des réseaux sociaux comme nouveaux espaces de communication s'accompagne de l'apparition de nouvelles tendances, certaines superficielles, qu’il appelle « littérature de la bulle ». Sans mentionner explicitement Osama Al-Muslim, Boukkeba semble faire référence à ce qui s’est passé, affirmant que condamner de tels phénomènes sans élever la conscience collective ne fait que stigmatiser davantage ceux qui les suivent.
L’écrivain Jalal Haidar a également contribué au débat en appelant à ne pas juger hâtivement Osama Al-Muslim et en affirmant que cet auteur était talentueux en écriture, tout en ciblant une jeune génération avide de découverte, mais pas nécessairement passionnée par la lecture traditionnelle. Haidar suggère que la maison d'édition «aseeralkotb» a su attirer ce public en jouant sur les thèmes de l’ésotérisme et du surnaturel.
Quant aux œuvres d’Osama Al-Muslim, elles relèvent de la fantasy et de la fantasy historique avec un style proche du cinéma, proposant des intrigues captivantes aux fins surprenantes.
Al-Muslim est l'auteur de 32 romans, dont les célèbres séries « Khawf », «es Jardins d’Arabistan», qui ont gagné une large audience et qui sont en cours d’adaptation pour la télévision saoudienne.