L'Algérie officiellement membre de la zone de libre-échange africaine

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L’Algérie est devenue, depuis le 1er novembre 2023, membre à part entière de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), considérée comme la plus grande au monde. L'Algérie avait ratifié l'accord de création de cette zone de libre-échange en 2021.

Le pays a collaboré avec la Commission économique pour l'Afrique afin d'établir une stratégie visant à maximiser les avantages de cette zone. Parallèlement, les autorités algériennes ont renforcé leurs relations avec les institutions de l'Union africaine et les États membres, en particulier avec l'Afrique du Sud, la plus grande économie du continent.

La ZLECAF, qui regroupe 54 États signataires, représente un marché de plus de 1,3 milliard de personnes et un produit intérieur brut cumulé d'environ 3,4 trillions de dollars, offrant de grandes opportunités économiques à ses membres. Son objectif est de créer une vaste zone de libre-échange en réduisant progressivement les droits de douane sur plus de 90 % des marchandises.

Alors que la zone de libre-échange africaine est entrée en fonction début 2021, à laquelle l'Algérie a adhéré après avoir ratifié l'accord en août 2020, la question des avantages que l'Algérie pourrait tirer de cette nouvelle dynamique se pose, surtout face aux lacunes constatées par l'Algérie dans ses expériences avec des accords de zones de libre-échange et des accords de partenariat avec l'Union européenne ainsi qu'avec la Grande zone arabe de libre-échange, où elle a rencontré des déséquilibres dans les échanges, sans compter les problèmes existants concernant les règles d'origine des produits. L'Algérie a commencé à prendre des mesures pour élargir son engagement économique et commercial sur le continent africain.

L'Algérie insiste sur la vérification de l'origine des marchandises

L'Algérie a pris des mesures pour s'assurer de l'origine des marchandises échangées dans la zone de libre-échange, en insistant pour que le taux d'intégration ne soit pas inférieur à 50 % afin d'éviter l'infiltration de produits manufacturés hors du continent. Il est à noter que les échanges commerciaux entre l'Algérie et les autres pays africains (hors Afrique du Nord) ont connu une croissance ces deux dernières années, notamment en ce qui concerne les exportations vers l'Afrique de l'Ouest, avec des échanges qui ne dépassaient pas en 2020 0,5 % pour les importations et 0,8 % pour les exportations.

L'Algérie vise à augmenter son commerce avec les pays africains, en particulier ceux du Sahel, en établissant des routes terrestres reliant le pays au Mali, au Niger et à la Mauritanie, ainsi qu'en développant des zones de libre-échange et en ouvrant des points de passage, comme le point de passage de Mustapha Ben Boulaid en 2022, et en intensifiant l'activité commerciale avec les pays d'Afrique de l'Ouest, notamment pour certains produits comme le ciment et le fer, ainsi que d'élargir les activités avec des pays comme la Mauritanie et le Sénégal, en ouvrant des agences bancaires en Mauritanie et au Sénégal, et pus tard en Côte d'Ivoire.

En termes de chiffres, le volume total des échanges commerciaux entre l'Algérie et les pays africains a atteint 3,3 % pour les importations et 8,5 % pour les exportations en 2020, et ces chiffres ont continué d'augmenter, dépassant 4,5 milliards de dollars en 2023.

L'Algérie met également l'accent sur des projets d'infrastructure pour dynamiser le commerce, notamment la route transsaharienne et des projets de câbles à fibre optique qui relient l'Afrique centrale à l'Afrique de l'Ouest via l'Algérie. De plus, le projet de pipeline de gaz nigérian-algérien, qui traversera le Niger pour rejoindre l'Algérie, vise à relier le gaz algérien aux marchés européens.

Les estimations statistiques disponibles indiquent que le volume des échanges commerciaux avec les pays africains reste cependant loin des attentes, notamment avec l'Afrique subsaharienne, malgré un certain dynamisme enregistré en matière d'exportation vers plusieurs pays africains en 2021 et 2022.

Ainsi, en 2020, le volume total des échanges commerciaux entre l'Algérie et l'ensemble des pays africains s'élevait à 3,052 milliards de dollars, dont 1,998 milliard de dollars en exportations et 1,124 milliard de dollars en importations. En comparaison, en 2019, les échanges totalisaient environ 3,509 milliards de dollars, mais il est à noter que la majorité des échanges se concentraient avec les pays d'Afrique du Nord.

Les estimations montrent que le volume des échanges intra-africains était modeste, atteignant 3,50 milliards de dollars en 2019 contre 3,46 milliards de dollars en 2018 pour l'ensemble des pays africains, les pays d'Afrique du Nord représentant la part la plus importante, ce qui est très faible par rapport aux échanges avec des pays comme la Chine, la France ou même la Turquie.

En 2018, la valeur des importations algériennes en provenance d'Afrique était de 1,273.86 milliard de dollars, représentant 2,79 % du total des importations algériennes, tandis qu'en 2019, elle s'élevait à 1,339.57 milliard de dollars, soit 3,19 %.

En revanche, les exportations algériennes vers l'Afrique ont atteint 2,181.85 milliards de dollars en 2018 (5,22 %) et 2,169.65 milliards de dollars en 2019 (6,06 %). L'Algérie a cherché à renforcer ses exportations vers la région de l'Afrique de l'Ouest pour des produits tels que le fer et le ciment durant les années 2019, 2020 et 2021, tout en soutenant le commerce intra-africain, y compris le troc avec les pays du Sahel.

La part des exportations vers l'Afrique subsaharienne en 2020 ne représentait que 0,80 % contre 7,30 % pour l'Afrique du Nord, tandis que pour les importations, elle était de 0,47 % pour l'Afrique subsaharienne contre 2,79 % pour l'Afrique du Nord

Selon l'accord de libre-échange africain, les droits de douane sur le commerce entre les pays africains seront progressivement supprimés, atteignant 90 % des lignes tarifaires sur une période de 5 ans pour les pays en développement et 10 % pour les pays les moins avancés, avec un démarrage au début de 2021.

Les autorités publiques espèrent tirer profit d'un marché africain estimé à 1,2 milliard d'habitants et d'échanges commerciaux d'environ 3 trillions de dollars, avec un produit intérieur brut continental total de 54 pays africains estimé à 2,7 trillions de dollars.