Macron reconnaît l'assassinat de Larbi Ben M’hidi par la France

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Le président français, Emmanuel Macron, a officiellement reconnu ce vendredi que le martyr et symbole de la lutte algérienne, Larbi Ben M’hidi, a été tué par des militaires français, contredisant ainsi la version officielle qui prétendait qu'il s'était suicidé.
« Le président de la République reconnaît ce jour que Larbi Ben M’hidi, héros national pour l’Algérie et l’un des six dirigeants du FLN [Front de libération nationale] qui ont déclenché la révolution du 1er novembre 1954, a été assassiné par des militaires français placés sous le commandement du général Aussaresses », a déclaré Macron dans un communiqué publié par la présidence française.
La version française a longtemps soutenu que « le sage de la révolution », s’était donné la mort dans sa cellule, en dépit du fait que le commanditaire de son assassinat le général Aussaresses, avait reconnu dans ses mémoires controversées, publiées au début des années 2000, avoir tué Ben M’hidi.
Emmanuel Macron avait reconnu, le 13 septembre 2018, la responsabilité de l'État français dans l'enlèvement et la torture de Maurice Audin, un activiste français pour l'indépendance algérienne, qui a été tué en 1957.
Le 3 mars 2021, il avait également admis la responsabilité de l'armée coloniale française dans la torture et l’assassinat de l’avocat et militant algérien Ali Boumendjel, alors que la version dominante était qu’il était mort après avoir sauté d’un étage élevé lors de son interrogatoire par la police.
Dans le cadre d'une série de « confessions », le 16 octobre 2021, Macron a dénoncé la répression sanglante des manifestations du 17 octobre 1961, la qualifiant de « crime impardonnable pour la République ».
Lors d’une réunion avec des membres de l’équipe d’historiens franco-algériens le 19 septembre dernier, Benjamin Stora, responsable du groupe, avait interrogé Macron sur la possibilité d'une reconnaissance de la responsabilité de la France dans l’assassinat de Ben M’hidi. Le président Macron avait alors répondu : « Nous verrons comment nous avancerons », laissant entrevoir une volonté de dialogue sur les questions de mémoire historique.
L'historien Stora a exprimé son sentiment que Macron attendait le moment opportun pour faire cette déclaration. « Je n’ai pas ressenti de refus de sa part. Il était clairement déterminé, peu importe la réaction des Algériens », a-t-il ajouté.
Cette reconnaissance intervient alors que les relations algéro-françaises sont en quasi-rupture, suite à la reconnaissance par Macron, fin juillet, que le plan marocain d'autonomie sur les territoires sahraouis est la « solution la plus appropriée » à la question du Sahara occidental, ce qui a poussé l'Algérie à retirer son ambassadeur de Paris.