Le nouveau gouvernement que le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, envisage de former avant la fin de cette année, suscite des interrogations quant à sa nature et sa composition, surtout après que le Président a annoncé qu'il recherchait des compétences nationales sans exclure la participation des partis politiques. Il a également précisé son intention de maintenir certains membres du staff actuel, en prenant en compte leur bilan positif.
Lors de sa dernière rencontre avec les médias nationaux, le Président de la République a révélé qu'un remaniement gouvernemental était prévu avant la fin de l'année, dès que la loi de finances sera adoptée, afin de garantir un nouveau départ.
À ce propos, le Président a exprimé sa volonté d'inclure les meilleures compétences nationales dans le prochain gouvernement, précisant qu'il ne s'opposait pas à ce que des compétences issues des partis politiques occupent des postes ministériels dans le prochain gouvernement.
Le Président a remercié tous les partis qui l'ont soutenu lors de l'élection présidentielle du 7 septembre dernier, tout en soulignant que « le soutien apporté n’a aucun lien avec la composition du gouvernement, car j’étais un candidat indépendant ».
Depuis son arrivée à la présidence en 2019, le Président Tebboune a accordé une plus grande importance à l'inclusion de technocrates et indépendants dans ses gouvernements successifs. En effet, les trois premiers ministres qui se sont succédé n’appartenaient à aucun parti politique.
On ignore encore si le Président continuera sur cette voie dans la sélection des membres de son nouveau gouvernement ou s'il mettra fin à cette tradition durant son second mandat.
Les positions de la classe politique
Les partis qui font allégeance au gouvernement réaffirment leur volonté de collaborer avec le Président pour mettre en œuvre son programme politique, en espérant obtenir des portefeuilles ministériels dans le gouvernement du second mandat de Tebboune, ou du moins conserver leurs postes actuels. Le Président pourrait accorder à chaque parti deux ou trois portefeuilles ministériels au maximum, tandis que les ministères stratégiques seraient confiés à des personnalités technocratiques ou proches de lui.
Les déclarations des chefs de partis après l'annonce des résultats de l'élection présidentielle montrent qu'ils sont enclins à participer au gouvernement sans conditions préalables, à l'exception de certains partis d'opposition, tels que le MSP (Mouvement de la société pour la paix), qui refuse catégoriquement d'entrer au gouvernement, préférant rester dans l'opposition, alors que d'autres exigent le respect des grandes lignes de leurs programmes politiques comme condition à leur participation.
Dans ce contexte, Walid Zaânabi, un dirigeant du Front des forces socialistes (FFS), a déclaré que « la participation du FFS au gouvernement n'est pas une priorité à l'heure actuelle, car les efforts sont concentrés sur le renforcement du parti, la préparation au dialogue national à venir, et la réhabilitation de l’action politique», a-t-il ajouté.
La question de la participation au gouvernement n'avait pas encore été débattue au sein du parti, mais si cette question venait à être soulevée, elle serait discutée au sein des instances du parti.
Il semble que la prochaine composition gouvernementale ne changera pas radicalement, d’autant plus que les cadres et ministères clés ne seront probablement pas affectés. Le Président a déjà indiqué qu'il conserverait certains membres de l'actuel gouvernement, en particulier ceux ayant fait preuve de diligence dans leur travail.
Parmi les noms susceptibles de rester, on trouve le ministre de l'Intérieur, Brahim Merad, qui a dirigé la campagne présidentielle du Président, le ministre de l'Énergie, Mohamed Arkab, ainsi que le ministre de l’Habitat, Tarek Belaribi, tous jouissant de la confiance du Président.
En revanche, des interrogations subsistent quant à l’avenir de certains ministres, tels que ceux des Affaires religieuses, de la Communication, de l’Agriculture, des Travaux publics et de l’Hydraulique.
En ce qui concerne le poste de Premier ministre, plusieurs noms circulent, dont le ministre actuel de l'Énergie, Mohamed Arkab, le ministre de l'Agriculture, Mohamed Chorfa, ainsi que Brahim Merad et Tarek Belaribi, le ministre actuel de l’Habitat, qui a travaillé avec le Président pendant plusieurs années lorsqu'il était à la tête du même ministère.
Bien que la composition du futur gouvernement pourrait mêler personnalités politiques et technocrates, les défis dans les différents secteurs ne seront pas faciles à relever sans une équipe cohérente. Les remaniements successifs, bien qu’ils visent à corriger des dysfonctionnements, prennent du temps.
Les meilleures compétences : Un choix présidentiel
Depuis son accession au pouvoir en 2019, le Président Abdelmadjid Tebboune a privilégié des personnalités technocratiques pour diriger les gouvernements, loin des équilibres politiques. Au début de son premier mandat en 2019, il avait choisi un gouvernement de compétences dirigé par Abdelaziz Djerad, composé de 39 membres, dont 5 femmes, 7 ministres délégués et 4 secrétaires d'État. Pour la première fois, un ministère dédié aux start-ups a été créé, dirigé par le plus jeune ministre, Yacine Walid, qui est toujours en poste à ce jour. Ce gouvernement avait maintenu Mohamed Arkab à l'Énergie et Youcef Belmehdi aux Affaires religieuses, malgré les trois remaniements effectués.
Après deux années marquées par des défis, le Président Tebboune a choisi, à l’été 2021, un expert du secteur financier, Aymen Benabderrahmane, pour occuper le poste de Premier ministre. Cependant, en novembre 2023, Tebboune a mis fin aux fonctions de Benabderrahmane et a nommé Nadir Larbaoui, son directeur de cabinet, pour le remplacer.