Les Algériens doivent mettre un terme à l’automédication

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Le ministère de la Santé a mis en garde, à travers un spot de sensibilisation diffusé sur différents médias, contre les dangers de la consommation excessive et aléatoire des antibiotiques. L'abus de ces médicaments réduit leur efficacité contre les bactéries, ce qui en fait une "question de santé publique".
Dans le spot, un médecin prescrit un traitement à une mère dont l'enfant est malade. La mère insiste pour que l'on prescrive des antibiotiques, car son enfant y est habitué, mais le médecin refuse en expliquant que l'état de l'enfant ne le nécessite pas.
En raison de l'usage abusif et répété de ces médicaments, l'enfant finit par être transporté d'urgence dans un état critique. Le médecin traitant informe la mère que son fils est infecté par une bactérie résistante à tous les antibiotiques.
Le ministère utilise des exemples concrets pour sensibiliser les citoyens des dangers, avec un message clair : "Pour protéger nos familles, nous devons utiliser les antibiotiques de manière sage et prudente". Il rappelle que ces médicaments ne traitent que les bactéries et non les autres agents pathogènes comme les virus, les parasites ou les champignons.
Afin de bénéficier de leur efficacité, il est crucial de suivre les recommandations médicales, car l'usage excessif entraîne une résistance bactérienne croissante, avec des conséquences graves pour l'homme, l'animal et l'environnement.
Toutes les parties doivent être impliquées dans le processus de sensibilisation
Le président du Syndicat National des Pharmaciens d'Officine, Dr Karim Merghmi, a révélé que la campagne de sensibilisation produite par le ministère de la Santé, visant à dissuader les citoyens de consommer des antibiotiques sans prescription médicale, indique une montée en flèche des dangers liés à l'utilisation de ces médicaments. Cependant, il a souligné qu'à ce jour, aucune étude statistique de terrain fiable n'a été menée pour identifier les causes réelles de cette augmentation de la consommation des antibiotiques.
Dans son entretien avec "El Khabar", Merghmi a reconnu que la campagne a mis en lumière le rôle crucial des pharmaciens dans la sensibilisation du public aux dangers de l'utilisation des antibiotiques sans prescription, un aspect qu'il juge positif. Néanmoins, il a critiqué le fait que les pharmaciens ou leur syndicat n'aient pas été associés à des campagnes de sensibilisation ou à des activités sur le terrain pour lutter contre ce phénomène.
Il a ajouté : « Bien que nous participions à certains colloques et journées d'étude, les pharmaciens ou leurs représentants ne sont pas conviés à participer activement ». Il s'est interrogé : « Un simple spot de sensibilisation suffit-il ? Ou bien les pharmaciens, en tant que professionnels de santé, devraient-ils être davantage impliqués dans ces efforts ? »
Merghmi a poursuivi en suggérant que les pharmaciens, qui interagissent quotidiennement avec la population à travers plus de 12 500 officines réparties sur tout le territoire, y compris dans les zones reculées, devraient être impliqués dans des études de terrain pour mieux comprendre les véritables causes de l'augmentation de la consommation d'antibiotiques, et éviter les jugements populistes et non fondés scientifiquement.
« Les analyses de laboratoire sont importantes avant de prescrire des antibiotiques »
Le spécialiste en santé publique, Dr. Fethi Ben Achnehou, a expliqué dans une déclaration à "El Khabar" que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déjà abordé le problème de la consommation irrationnelle de médicaments à travers un programme international. Le professeur algérien Hilali Abdelkader avait soulevé cette question dans la formation de base des médecins il y a environ cinquante ans.
Le docteur a ajouté que, malheureusement, les prescriptions sont souvent données avant même l'examen approfondi du patient. Il a précisé qu'il existe deux types d'amygdalite : l'une est bénigne et peut être traitée avec des analgésiques, tandis que l'autre, causée par une infection microbienne, est plus grave et peut entraîner des maladies cardiaques. Il a également souligné que les microbes sont des organismes vivants ayant chacun des caractéristiques spécifiques.
Dr. Ben Achnehou a révélé que les médecins devraient analyser les patients avant de prescrire des antibiotiques, car chaque microbe a un antibiotique spécifique qui lui est adapté. En cas d'infections graves, le médecin doit prélever un échantillon et le faire analyser pour déterminer le traitement approprié, car une consommation aléatoire peut entraîner des effets graves, comme l'infertilité.
Il a également souligné que la plupart des médecins ne suivent pas cette procédure, préférant souvent promouvoir des médicaments de certains laboratoires en raison des avantages qu'ils en tirent, sans se soucier des risques pour la santé du patient liés à une consommation excessive d'antibiotiques.
Les médicaments ne doivent être pris que sur prescription médicale.
Le coordinateur national de l'Organisation de protection des consommateurs, Fadi Tamim, a déclaré dans une interview avec "El Khabar" qu'il existe un problème majeur en Algérie, celui de l'automédication. Les consommateurs se tournent directement vers les médicaments sans consulter un médecin. Les citoyens identifient eux-mêmes certains traitements courants pour chaque maladie et se dirigent vers les pharmacies pour acheter des médicaments qui ne conviennent peut-être pas à leur état de santé, ce qui peut entraîner des complications graves.
Il a souligné que l'automédication et l'usage excessif d'antibiotiques présentent des effets secondaires, surtout si le corps humain développe une résistance à ces médicaments, les rendant inefficaces.
Tamim a insisté sur l'importance de consulter un médecin pour chaque situation médicale, car seul un spécialiste, après les analyses nécessaires, peut prescrire un traitement adapté. Il a, également, mis en garde contre les risques pour la santé liés à l'automédication à long terme, notamment, en raison de la disponibilité abondante des médicaments à bas prix en Algérie.
Il a salué l'initiative du ministère de la Santé, qui a mis en lumière ce problème à travers une campagne de sensibilisation, tout en appelant à intensifier la collaboration entre les parties concernées pour lutter contre cette pratique et encourager les pharmaciens à ne pas délivrer de médicaments sans ordonnance.