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La Commission électorale a été l'objet de nombreuses critiques au cours des cinq années de son existence, particulièrement lors des récentes élections présidentielles, à tel point qu'elle a été qualifiée d'État dans l'État. Les déclarations récentes du président Tebboune pourraient accélérer des changements au sein de cette institution, notamment après avoir souligné que "des personnes ne sont pas à la hauteur des institutions constitutionnelles, comme l'Autorité indépendante de surveillance des élections, qui reste un pilier constitutionnel".

Son président, Mohamed Charfi, un juge expérimenté ayant occupé le poste de ministre de la Justice à deux reprises, a été au cœur de controverses pendant les dernières élections présidentielles, avec des doutes exprimés quant à sa capacité à diriger l'institution. Des accusations ont été portées contre lui pour le retard pris dans la préparation de l'Autorité de cet événement politique et constitutionnel.

Ce retard s'est manifesté dans le processus de collecte des signatures et dans l'adoption d'un logiciel inadapté à la situation, en plus du délai dans l'appel des représentants de l'Autorité municipale et régionale, ainsi que la confusion répétée dans l'annonce de la liste des candidats avant la proclamation temporaire des résultats, malgré les moyens humains, matériels et les pouvoirs dont disposait son institution.

Selon des anciens membres de l'Autorité, les appels lancés par son équipe, dont certains avaient participé à l'organisation des élections présidentielles de 2019, n'ont pas trouvé d'écho, allant jusqu'à un désespoir de voir un changement dans le fonctionnement de l'Autorité et dans la législation qui l'encadre. Il a été constaté qu'un petit groupe monopolise les décisions, en particulier un groupe de conseillers entourant le président Mohamed Charfi.

Durant son mandat, Charfi n'a pas hésité à éliminer les centres de résistance au sein de l'Autorité, profitant des circonstances politiques que le pays a traversées après le mouvement populaire, menant une opération de "purge" en 2021 qui a conduit à l'éviction de dizaines de compétences sous le prétexte de réduire les coûts. Parmi les 50 membres de sa structure fondée en octobre 2019, le nombre est tombé à 20 sur le papier. En réalité, ce nombre a diminué à moins que cela, deux membres ayant été écartés en août et septembre derniers, et d'autres se trouvant en situation de conflit d'intérêts en raison de nominations à d'autres postes.

Dans ses dernières déclarations, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a confirmé qu'une enquête approfondie était en cours sur la gestion de l'Autorité indépendante lors des récentes élections présidentielles du 7 septembre, laissant entendre une éventuelle révision de la loi de 2020.

Lors de sa rencontre régulière avec la presse nationale, le président a déclaré qu'une enquête minutieuse était en cours sur la performance de l'Autorité indépendante de surveillance des élections afin de révéler les comportements ayant conduit à des incohérences dans l'annonce des résultats des dernières élections présidentielles.

Le président a insisté, en réponse à une question d'un journaliste concernant la responsabilité de l'Autorité dans les incohérences des chiffres présentés, qu'"à la demande des trois candidats, nous avons ordonné de commencer des investigations précises afin d’avoir des clarifications au sujet des influences ou comportements personnels concernant ce qui s'est passé, afin de corriger les erreurs".

Il a ajouté qu'il sera nécessaire d'annoncer les résultats, car l'opinion publique souhaite connaître ces derniers, précisant que "si cette institution ne s'est pas montrée à la hauteur, elle sera évaluée, surtout que l'Algérie se prépare à des élections municipales et régionales complexes en termes de nombre de candidats. Si le problème provient de personnes qui n'étaient pas à la hauteur de cette institution constitutionnelle, qui est un pilier de la démocratie et de l'intégrité des élections, alors elles seront remplacées".

Il a poursuivi en affirmant que "parfois, il y a des personnes qui ne sont pas à la hauteur des institutions constitutionnelles, comme l'Autorité indépendante de surveillance des élections, qui est un pilier constitutionnel renforçant la transparence des élections. Elle a été créée pour remplacer des milliers de fonctionnaires qui supervisaient les élections".

Tebboune a déclaré, en réponse à une question sur une éventuelle révision de la constitution de 2020, que "s'il existe une demande pressante et logique pour modifier la loi électorale et la constitution, nous le ferons pour modifier une clause ou un article que nous jugerions injuste, car l'objectif est de réaliser le rêve des martyrs et de bâtir un État démocratique qui protège les faibles et les démunis".

Il convient de rappeler que le président Tebboune avait opéré des modifications fondamentales de la constitution au cours de la première année de son précédent mandat, parmi lesquelles la limitation des mandats et la possibilité d'envoyer l'armée à l'étranger après l'accord des deux chambres du Parlement.