Comment augmenter les transferts de fonds des émigrés

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Les prix de change du dinar algérien sur le marché noir se sont stabilisés ces derniers jours à des niveaux élevés par rapport aux principales devises mondiales, notamment l'euro et le dollar américain. Cette situation intervient alors que les autorités publiques s'engagent dans une démarche visant à organiser les transactions de change, à travers des efforts visant à encadrer l'activité des bureaux de change, similaire à ce qui est pratiqué dans la majorité des pays à travers le monde.

Alors que le taux de change du dinar algérien reste stable à des niveaux raisonnables sur le marché officiel, enregistrant 147,36 dinars pour un euro et 134,41 dinars pour un dollar américain, une série de facteurs contribuent à maintenir ces taux à des niveaux élevés sur le marché noir. Comme observé par "El Khabar" lors de sa visite dans l'une des principales zones d'activité des "commerçants" de devises à Alger, Square Port-Saïd, le dinar se négocie à 238 dinars à l’achat et 240 dinars à la vente, tandis que par rapport au dollar, la monnaie locale est échangée à 222 dinars pour un dollar à l'achat et 224 dinars à la vente.

Bien que la majorité des transactions officielles montrent la même "stabilité", la question des doubles taux de change en Algérie reste préoccupante. En effet, les transactions de devises sur le marché noir continuent d'avoir un impact significatif, car la plupart de ceux qui cherchent à obtenir des devises se tournent vers ce marché non officiel, faute d'alternatives officielles disponibles.

L'écart important entre les taux de change officiels et parallèles, qui atteint parfois ou dépasse les 10 000 dinars, stimule l'activité du marché noir. La plupart des expatriés et des membres de la diaspora algérienne rentrant au pays pour les vacances d'été préfèrent se tourner vers cet espace non officiel pour échanger des devises, afin de réaliser des gains plus importants, en plus de la facilité de changer de la monnaie étrangère sur le marché noir, contrairement aux procédures compliquées des banques et établissements financiers nationaux.

Pour expliquer cette situation, l'expert financier et bancaire, Slimane Nacer, a déclaré à "El Khabar" que "les taux de change sur le marché parallèle sont basés sur le principe général de l'offre et de la demande. Ainsi, l'augmentation de la demande de devises pendant les périodes de vacances et de tourisme pousse ces taux à la hausse par rapport à la monnaie locale, surtout en l'absence d'alternatives officielles pour les obtenir et la faiblesse de l’allocation touristique annuelle, qui n'a pas dépassé 100 euros depuis plusieurs années".

En conséquence, Dr Nacer a souligné l'élargissement du fossé entre les taux de change officiels et ceux du marché noir, avertissant que cela prive l'économie nationale de nombreuses opportunités, notamment les transferts des émigrés. Ce phénomène a laissé l'Algérie parmi les derniers pays en dans ce type de transferts, bien que le pays dispose d'une grande diaspora estimée à environ 7 millions de personnes, dont environ 5 millions en France.

L'expert a cité les derniers rapports de la Banque mondiale, indiquant que "les transferts des émigrés algériens ont atteint 1,8 milliard de dollars", un montant jugé très modeste par rapport au nombre d'émigrés algériens. Il a donc suggéré que la libéralisation du taux de change, la réduction de l'écart entre le marché parallèle et les transactions officielles, ainsi que la mise en place de mesures incitatives pour cette catégorie pourraient augmenter ce montant jusqu'à 10 milliards de dollars, même de manière progressive. Il a appelé les autorités publiques à accorder une attention particulière à cet aspect.