L'Algérie enregistre, cet été, des progrès notables dans la lutte contre les incendies de forêt, contrairement aux années précédentes marquées par de véritables cauchemars, alors que le pays était confronté à une aggravation de ce phénomène, principalement attribuée à l'activité humaine.
Les services de la protection civile ont révélé une réduction de 83 % des superficies forestières brûlées par rapport à la même période de l'année dernière.
Dans une déclaration à l'APS a rapporté le colonel Farouk Achour, inspecteur à la direction générale de la protection civile, a indiqué que le plan stratégique de prévention et de lutte contre les incendies mis en place cet été avait "porté ses fruits grâce à la synergie entre alerte précoce, moyens aériens et intervention sur le terrain, soulignant que ce plan avait permis d'éteindre rapidement tous les incendies signalés. Comparativement à la même période de l'année dernière, une diminution des superficies touchées par des incendies a été enregistrée", a-t-il précisé.
Ce plan qui vient combler les lacunes relevées les années précédentes, repose sur trois axes : d'abord la prévention à travers la sensibilisation, notamment à l'endroit des citoyens vivant dans des zones à risque, ensuite la coordination entre les différents secteurs pour une utilisation optimale des ressources et, enfin, l'analyse des anciens plans pour élaborer un plan plus performant permettant d'exploiter au mieux les ressources humaines et matérielles et d'élever le niveau d'alerte", a expliqué le responsable.
Dans ce cadre, le colonel Achour a fait état de "la mobilisation de 505 unités d'intervention au niveau des wilayas à risque, de 65 colonnes mobiles, d'unités spécialisées en cas d'incendie et de 5 détachements régionaux prêts à appuyer les unités de wilaya, encadrés par plus de 20.000 agents, tous grades confondus".
"Les moyens aériens de lutte contre les incendies ont également été renforcés avec l'affrètement de 12 avions, qui s'ajoutent aux moyens considérables de l'Armée nationale populaire", a-t-il poursuivi.
La stratégie prévoit aussi "l'accompagnement des agriculteurs tout au long de la campagne de moisson pour préserver les récoltes et contribuer à la sécurité alimentaire, à travers un dispositif d'intervention au niveau des grands périmètres agricoles et la sensibilisation des agriculteurs".
Le colonel Achour a, par ailleurs, évoqué "le renforcement de l'utilisation de la numérisation et de l'intelligence artificielle dans l'élaboration de plans d'intervention et l'identification des régions les plus exposées aux risques d'incendie afin que des décisions éclairées puissent être prises".
De graves pertes de couverture forestière ces trois dernières années
Au cours des dernières années, l'Algérie a subi des pertes humaines, économiques et écologiques considérables dues aux incendies de forêt. En 2021, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales a enregistré 103 décès dans plusieurs wilayas, ainsi que des pertes économiques évaluées à 15,65 milliards de dinars, incluant des dommages aux ressources agricoles, à la faune, aux habitations, et la destruction de 100 000 hectares de forêt répartis sur 1631 foyers d'incendie dans 16 wilayas. Ces événements ont poussé le gouvernement à annoncer un plan visant à augmenter la couverture forestière à 4,7 millions d'hectares d'ici 2035 et à restaurer les écosystèmes endommagés.
En 2022, malgré la mise en œuvre de plans d'urgence, y compris la location d'avions spécialisés dans la lutte contre les incendies et l'intensification des campagnes de sensibilisation, l'Algérie a enregistré 47 décès et des pertes économiques de 1,5 milliard de dinars, avec 28 000 hectares de forêt brûlés dans 1604 foyers d'incendie.
L'année dernière, sous l'effet d'une forte pression atmosphérique, notamment avec ce qu'on appelle la "dôme de chaleur extrême", les incendies ont détruit plus de 41 000 hectares de forêt jusqu'au 31 octobre 2023, affectant 37 wilayas, dont plus de 24 000 hectares ont été ravagés en juillet seulement, principalement dans les wilayas de Boumerdès, Tizi Ouzou, Béjaïa et Skikda.
Au cours des dix dernières années, selon les données officielles présentées lors de la convention international sur l'environnement à Stockholm l'année dernière, l'Algérie a perdu plus de 30 % de sa couverture végétale, soit entre 30 000 et 40 000 hectares, en raison des incendies ainsi que d'autres facteurs associés à la désertification.