L'Algérie recourra-t-elle aux instances onusiennes pour endiguer le flux de drogue?

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Le ministre de la Justice algérien, Abderrachid Tabi, a évoqué la possibilité de recourir aux instances onusiennes et aux organisations internationales pour les informer de la souplesse de certaines parties facilitant le déplacement des individus liés à des gangs dangereux. Cela fait référence aux quantités importantes de cannabis et de substances psychotropes qui affluent vers l'Algérie. Le ministre n'a pas précisé les mécanismes ou le calendrier de cette éventuelle démarche, mais il semble qu'il y ait une volonté de traiter plus sévèrement ces substances, surtout avec les changements dans leur classification dans certains pays, notamment le Maroc.
Lors d'un colloque spécial au Club de l'Armée de Beni Messous à Alger, le ministre a souligné que l'afflux massif de drogues et de substances psychotropes suggère une action systématique visant à nuire à la santé physique et mentale des jeunes algériens. Il a fait allusion à une activité organisée menée par des entités spécifiques, sans préciser lesquelles.
Dans le cadre du colloque, qui coïncidait avec la Journée internationale contre l'abus et le trafic illicite de drogues, le ministre a utilisé le terme "cannabis à haute puissance", un concept qui n'apparaît pas dans les classifications législatives nationales actuelles. Cela s'aligne toutefois avec les discussions et informations récentes indiquant un effort pour augmenter la concentration de la substance psychoactive dans le cannabis, le "THC", afin d'accroître le degré de dépendance.
L'Algérie a ratifié plusieurs conventions internationales relatives aux drogues, telles que la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, la Convention sur les substances psychotropes de 1971, la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988, et la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée de 2000.
L'Algérie estime que la lutte contre la drogue ne peut être efficace que par un effort international conjoint et intégré, compte tenu de ses dimensions mondiales et de l'évolution des moyens modernes, qui ont accru les capacités des réseaux de trafic de drogue. Les enquêtes du ministère de la Justice ont montré des liens entre le trafic de drogue et d'autres formes de criminalité transnationale organisée, comme le terrorisme, le trafic d'armes et la traite des êtres humains.
Pour concrétiser cette approche, l'amendement de 2023 inclut de nouvelles dispositions concernant l'entraide et la coopération judiciaires internationales, notamment la "livraison surveillée" permettant à l'autorité judiciaire compétente d'autoriser, sous son contrôle, le mouvement de drogues ou de substances psychotropes pour découvrir des crimes.
En plus de l'approche internationale, l'Algérie a renforcé les mesures de prévention contre les drogues et les substances psychotropes et a mis en place une "stratégie nationale de prévention contre les drogues".
Cette stratégie vise à changer l'approche des autorités sécuritaires et judiciaires vis-à-vis des toxicomanes, en passant de la répression et la punition à la prévention et au traitement, avec la création de centres de désintoxication, bien que ces centres soient encore peu connus des victimes de ce fléau et de leurs familles.