Chems-Eddine Hafiz critique le discours de l'extrême droite

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Chems-Eddine Hafiz, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, a exprimé ses points de vue et ses critiques concernant le débat politique en France à l'approche des élections législatives anticipées. Il a notamment critiqué le discours de l'extrême droite et les solutions simplistes qu'elle propose, tout en défendant la France comme un pays non raciste mais plutôt effrayé.
Dans une longue contribution publiée dans le bulletin hebdomadaire de la mosquée, Hafiz a dénoncé les slogans du Rassemblement national (RN), dirigé par Jordan Bardella, et leurs promesses de préserver l'identité et de revenir à l'ordre traditionnel. Il a qualifié ces propositions de "réponses simplistes à des questions complexes" et a averti qu'elles reflètent "l'incapacité de notre classe politique à répondre de manière rassurante et efficace aux défis contemporains".
Hafiz a défendu la France en déclarant : "La France n'est pas raciste, elle est effrayée", soulignant que certaines situations et choix semblent irrationnels et influencés par des stéréotypes profondément ancrés. Il a affirmé que la bonne approche consiste à comprendre et traiter les causes de cette peur. Ignorer ces sentiments ne ferait qu'approfondir le fossé entre les citoyens et leurs représentants, tandis que répondre à cette peur par des accusations de racisme aggraverait la situation.
Le recteur a, également, exprimé sa surprise et sa tristesse face aux accusations selon lesquelles l'Islam menacerait les valeurs républicaines. Il a dénoncé les mouvements qui exploitent les peurs légitimes des citoyens pour renforcer une vision fermée de la France, où l'autre est perçu comme une menace. Hafiz a déclaré que ce ne sont pas les musulmans qui sont responsables des problèmes tels que le manque de soins médicaux dans les zones rurales ou la disparition des services publics dans les villages. Au contraire, il a souligné que de nombreux musulmans contribuent activement à la société française en prenant soin des personnes âgées, en nettoyant les rues, en travaillant dans les hôpitaux, la police et l'armée, et en participant aux avancées technologiques des entreprises françaises. Leur présence enrichit l'identité française plutôt que de la défigurer.
Concernant les solutions, Hafiz a insisté sur l'importance pour les dirigeants de renouer le dialogue avec les Français effrayés, en proposant des solutions claires, inclusives et rassurantes, et en démontrant que l'ouverture et la diversité sont des forces, pas des menaces. Il a souligné que la peur peut être apaisée par une politique courageuse et humaine, et par une écoute et une compréhension authentiques des préoccupations des citoyens.
Hafiz a, également, exprimé sa volonté de contribuer à apaiser les tensions en éclairant les citoyens sur les véritables enjeux économiques et sociaux. Il a conclu en appelant tous les citoyens français, en particulier les jeunes et ceux des quartiers populaires, à exercer leur droit de vote pour empêcher la défiguration de la France.