Le recteur de la mosquée de Paris appelle à contrer l'extrême droite

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Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a appelé les imams et les cadres religieux musulmans en France à se mobiliser pour "contrer la montée de la division et de la haine", en référence à la victoire de l'extrême droite aux élections européennes. Il a souligné l'importance des voix musulmanes lors des élections législatives prévues les 30 juin et 7 juillet prochains.
Le recteur a renouvelé son appel aux citoyens musulmans pour voter, et surtout, empêcher l'extrême droite d'accéder au pouvoir. Cette déclaration fait suite à l'annonce du Président de la République de dissoudre l'Assemblée nationale, une décision que l'avocat Hafiz a qualifiée de "courageuse", mais risquée, ouvrant une période d'incertitude et de perspectives sombres.
Dans un article publié par les médias français hier, Hafiz a écrit : "Le mariage forcé sous forme de cohabitation avec le parti de Le Pen constitue déjà un grand danger. Dans le contexte actuel, tant national qu'international, cela pourrait ouvrir la voie de l'Élysée aux héritiers du maréchal Pétain, nous ramenant aux heures les plus sombres de notre histoire, avec un objectif bien connu."
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris a ajouté qu'il est essentiel de dépasser les divisions internes et de se concentrer sur l'essentiel : défendre les valeurs républicaines et faire face à la montée de ceux qui prônent la division et la haine. "Nous ne pouvons pas permettre que l'histoire se répète (..) Le devoir des partis républicains est de s'opposer fermement à l'extrême droite, de proposer une alternative claire et unie, et de montrer au peuple français que la grandeur de la nation réside dans son unité, sa diversité et son engagement en faveur de la démocratie."
Il a poursuivi en soulignant que les "Maghrébins" et les "musulmans" sont devenus des boucs émissaires, symboles de tout ce qui est perçu comme une menace, étranger et incompatible avec une identité nationale homogène. Hafiz a dénoncé les discours de haine visant les Maghrébins et les musulmans, les entraînant dans les eaux nauséabondes de l'extrême droite.
Chems-Eddine Hafiz a exprimé son regret face au rôle des principaux médias dans l'ascension de Marine Le Pen et de son mouvement. Il a lancé "un appel officiel à toutes les mosquées affiliées à la Fédération de la Grande Mosquée de Paris et au-delà" pour "sensibiliser les croyants aux dangers imminents et encourager ceux qui se sont abstenus de voter à jouer un rôle actif dans le choix de la société qu'ils souhaitent pour demain : une société fraternelle, égalitaire et protectrice de tous ses enfants". Il a ajouté : "Étant donné que les lieux de culte ont toujours été des bastions de réflexion, de sagesse et d'orientation morale, ils doivent mobiliser leurs efforts pour rappeler à chaque croyant l'importance de son vote et de son engagement civique."
Hafiz a insisté sur le fait que "l'abstention n'est pas de la neutralité, mais une renonciation à leur pouvoir et à leur responsabilité", permettant ainsi "aux forces de division et de haine de s'installer au cœur de la République". Il a exhorté les imams à "utiliser leur tribune pour sensibiliser davantage".