"L'Algérie reste attachée à sa mémoire"... voilà en substance la position qu’a transmis la délégation des chercheurs algériens de la "Commission de la mémoire" à leurs homologues français, en conclusion de quatre jours de discussions.
Un des membres de l'équipe algérienne, Mohamed Corso, a déclaré au journal français "La Croix" lors du dernier jour de la visite que ses collègues "avaient trouvé une écoute attentive de la part de leurs homologues français", dirigés par l'historien Benjamin Stora. Selon le même journal, "l'historien Mohamed Corso ne nie pas l'existence d'obstacles dans le travail de la commission mixte", sans préciser lesquels.
Le programme de la visite, la cinquième en un an, a inclus une visite des deux délégations à l'Institut des archives nationales où ils ont tenu une réunion qualifiée de "centrale" et considérée comme "préparatoire à la visite du président algérien en France l'automne prochain", selon "La Croix".
Le programme a également compris d'autres étapes importantes, notamment la Bibliothèque nationale qui renferme des documents liés à la période coloniale, ainsi que le tribunal d'Alger sur l'avenue Abane Ramdane (actuellement tribunal de Sidi M'Hamed), un lieu chargé d'histoire où des condamnations à mort ont été prononcées contre des combattants de la guerre de libération. La délégation française, composée de six chercheurs, a également visité le Musée des beaux-arts qui abrite des œuvres de peintres français et internationaux.
Le travail conjoint sur la question de la mémoire "a fait des progrès notables" du point de vue algérien, a assuré le journal, notant la reconnaissance par la France de la mort de manifestants algériens lors des protestations du 17 octobre 1961. Il a également souligné que "la question de l'ouverture des archives et de la restitution de certains documents reste en suspens". Le journal a, à ce sujet, cité un chercheur algérien de la commission qui déclare que les autorités françaises "refusent de nous remettre des archives militaires sous prétexte qu'elles sont souveraines", indiquant qu'il avait été auparavant convenu la restitution deux millions de documents sous forme de copies et d'archives numériques. "La Croix" a précisé que "les Algériens veulent les copies originales, ce qui est un problème qui ne peut être résolu que par une décision politique du président Emmanuel Macron, l'Algérie considérant cela comme une condition préalable à la normalisation des relations entre les deux pays".
L'agence de presse algérienne a, sur la même question, rapporté ce mardi, d’un communiqué de la "Commission algéro-française de l'histoire et de la mémoire", qu'elle "espère que le traitement du dossier de la mémoire sera à la hauteur des attentes des peuples algérien et français", soulignant "la nécessité de poursuivre les négociations dans le cadre du groupe de travail mixte algéro-français sur la question des archives".
Concernant les biens historiques algériens, la partie algérienne a "présenté une liste ouverte de ces biens à forte valeur symbolique qui sont conservés dans diverses institutions françaises, proposés pour restitution et retour symbolique à l'Algérie". Elle a exhorté la partie française à "transmettre ses préoccupations concernant la restitution des biens culturels et des archives figurants sur la liste jointe, au président Emmanuel Macron". La commission française a accepté à l'unanimité de soumettre cette liste au président français afin de faciliter le retour de ces biens dans leur pays d'origine dans les plus brefs délais.
Selon le même communiqué, la commission mixte a convenu de "poursuivre l’établissement de la chronologie du XIXe siècle couvrant les domaines militaire, politique, économique, social, culturel et humanitaire". Elle a salué "la coopération scientifique et technique dans les domaines de la restauration et de la numérisation, l'échange d'expériences, de bibliothèques et de bibliographies, la coopération scientifique et culturelle, la commémoration des lieux de mémoire en Algérie et en France, la numérisation des registres de l'état civil, les cimetières français en Algérie et les cimetières algériens en France au XIXe siècle, le lancement d'un portail électronique et l'organisation de colloques scientifiques communs". Le communiqué a également annoncé que la prochaine réunion de la commission se tiendra en France au début du mois de juillet prochain.