Indignation en France contre le symbole de la torture en Algérie

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Des activistes français et les citoyens algériens résidant dans la ville de Nancy, dans le nord-est de la France, ont protesté contre les autorités de la ville qui prévoient d'ériger une statue du colonel parachutiste Marcel Bigeard, le bourreau qui a tué des milliers d'Algériens et d’Indochinois dans les années 50 du siècle dernier.
Les opposants à l’érection de la statue ont lancé un appel, relayé par les médias locaux, annonçant qu'ils organiseraient une manifestation le 25 mai pour protester contre la décision des autorités de la ville de glorifier Bigeard et son histoire. Ils ont souligné dans leur appel que la France "a utilisé la torture comme moyen de terreur et de soumission des populations lors de ses guerres coloniales en Algérie et en Indochine, comme le confirment les historiens dans leurs travaux".
Les signataires de l'appel ont affirmé que la France "continue de lutter pour dissimuler son passé colonial et son système raciste, source de toutes les violations racistes que notre société subit actuellement", considérant que les efforts visant à ériger une statue du bourreau Bigeard dans leur ville constituent une évocation de ce passé colonial et de ses horreurs.
Le projet de statue a été supervisé par une fondation portant le nom de Bigeard et financé par "la Fondation France" après sa mort en 2010. En mars dernier, des chercheurs français spécialisés dans l'histoire ont vivement protesté contre la décision de la municipalité de Toul, à l'est de la France, d'ériger une statue du colonel Bigeard.
Les historiens français Fabrice Riceputi et Alain Rossi ont critiqué dans un long article publié sur le site "Histoire coloniale" le projet d'érection d'une statue du parachutiste Marcel Bigeard, se demandant "comment pouvons-nous envisager d'ériger une statue de l'assassin Marcel Bigeard, comme c'est le cas à Toul? Est-il concevable de glorifier la pratique de la torture coloniale dont il est l'un des symboles?".
Les chercheurs ont fait part des pressions exercées par une association locale sur la municipalité de Toul, d'où Bigeard était originaire, pour la dissuader d'installer la statue sur la place de la ville.
Ils ont appuyé leur position par des événements documentés dans les archives françaises sur les actes de torture commis par le criminel Bigeard lors de la "bataille d'Alger" en 1957, qui ont touché des centaines de militants algériens arrêtés par la police coloniale. Les pratiques de torture à cette époque, sous la direction des troupes du 10e bataillon de parachutistes, ont été directement ordonnées par Marcel Bigeard.
Le martyr symbole Larbi Ben M'hidi a été l'une des victimes de cette politique, et Bigeard l'a admiré pour sa résistance aux violations subies avant d'être pendu et déclaré : "Si j'avais une poignée d'hommes comme Ben M'hidi, j'envahirais le monde".