Les tentatives de détérioration des relations entre l’Algérie et les pays de la région du Sahel visent à provoquer un tournant décisif dans l’équilibre régional, dépassant le simple différend diplomatique pour devenir une manifestation d’une fracture profonde dans les concepts d’alliance et d’influence dans une région marquée par des crises persistantes.
Une étude approfondie, publiée dimanche par la revue « Lectures Africaines » sur les récents développements dans le Sahel — notamment les relations entre l’Algérie et le Mali et leurs répercussions régionales — propose plusieurs hypothèses ou scénarios dans ce contexte de tensions croissantes, dont le principal est la poursuite de l’escalade diplomatique et militaire.
L’auteur de l’étude, Farouk Hussein Abu Deif, un chercheur spécialisé dans les affaires africaines, envisage également la possibilité d’une médiation régionale ou internationale pour contenir les tensions, notamment via l’intervention de l’Union africaine ou des Nations unies, surtout si les parties concernées perçoivent que la poursuite de la crise pourrait menacer leurs intérêts vitaux. Il soulève aussi l’hypothèse d’un glissement vers un affrontement indirect ou un conflit par procuration, avec l’utilisation de groupes séparatistes ou de mercenaires.
Comme scénario plus positif, l’étude envisage une recomposition des alliances et des positions régionales, en expliquant que sous la pression des défis sécuritaires et économiques, certaines parties pourraient revoir leurs alliances actuelles, se réouvrir à l’Algérie ou rééquilibrer leurs relations, notamment si les approches militaires échouent à résoudre les crises internes.
Le chercheur examine également les répercussions potentielles de la crise, affirmant qu’elle pourrait représenter une menace directe à l’équilibre déjà fragile de la région du Sahel, déjà en proie à des déséquilibres sécuritaires et à la domination de groupes armés. Cela affaiblirait la coopération sécuritaire régionale, renforcerait la polarisation politique, et offrirait un terrain plus favorable aux groupes terroristes pour se renforcer et exploiter les vides entre les puissances régionales.
Sur le plan économique, la crise pourrait également compromettre les grands projets de coopération, en particulier le projet de gazoduc transsaharien qui doit relier le Nigeria à l’Algérie via le Niger. De même, la suspension des projets énergétiques algériens au Niger menace, selon l’étude, la sécurité énergétique d’un pays déjà confronté à de fréquentes coupures et à des protestations internes.
Sur le plan politique, la crise pourrait approfondir la polarisation sur le continent et affaiblir l’action collective africaine au sein d’institutions comme l’Union africaine, qui se retrouve face à un dilemme : maintenir une position neutre ou prendre parti — ce qui risquerait d'aggraver et d'étendre la crise au-delà des pays directement touchés, menaçant la stabilité de l’ensemble du continent.
L’étude conclut que cette crise révèle la fragilité des cadres de coopération régionaux, l’émergence de nouveaux acteurs qui redéfinissent les règles du jeu, et que la complexité des scénarios exige une volonté politique collective dépassant les intérêts étroits pour construire un nouveau système de sécurité et de développement plus réaliste et en phase avec les transformations géopolitiques actuelles.
Ainsi, selon l’auteur, la crise ne se limite pas à un simple différend politique ou un incident militaire passager. Elle traduit une fracture structurelle dans les alliances régionales, l’effondrement des canaux de dialogue traditionnels, l’affaiblissement des médiations, la montée de la polarisation géopolitique et une perte de confiance entre les parties — autant de facteurs qui ouvrent la voie à un vide sécuritaire et politique exploité par les groupes armés et terroristes pour étendre leur influence.
Commentaires
Participez Connectez-vous
Déconnexion
Les commentaires sont désactivés pour cet publication.