Nation

Que se passe-t-il au Lycée International Alexandre Dumas ?

Les parents d’élèves dénoncent des pratiques discriminatoires et des violations de la loi algérienne.

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Les associations de parents d’élèves réclament aux autorités algériennes ainsi qu’à la représentation diplomatique française en Algérie l’ouverture d’une enquête urgente et une réévaluation du mode de gestion du Lycée international Alexandre Dumas dans ses antennes d’Alger, Oran et Annaba. Elles demandent également un enseignement équitable et juste pour tous les élèves, sans discrimination. Cette démarche est accompagnée d’une plainte déposée auprès des juridictions compétentes à Alger, sollicitant une enquête judiciaire sur le respect des lois nationales et des accords bilatéraux.

Lors d’un entretien avec El Khabar, des parents d’élèves du lycée international ont présenté des documents officiels et des témoignages décrivant ce qu’ils qualifient de « violations graves » affectant le fonctionnement de l’établissement dans les trois villes citées.

Les représentants des parents ont soulevé des problèmes d’ordre légal et éthique qui, selon eux, compromettent l’intégrité du processus éducatif et contredisent les fondements nationaux ainsi que les lois algériennes.

Au cœur de ces préoccupations figure une contradiction flagrante entre les politiques du lycée et le système juridique algérien. Un document officiel, pièce centrale de la plainte, révèle que l’administration applique strictement le modèle français de la laïcité, interdisant toute expression religieuse au sein de l’établissement. Cela inclut le port du voile, la mention du jeûne ou de la prière, ou encore toute discussion liée à l’islam, bien que la majorité des élèves soient des Algériens musulmans.

Ces pratiques vont même à l’encontre des principes de liberté de culte que défend la République française, et enfreignent également la Constitution algérienne, qui reconnaît l’islam comme religion d’État et garantit la liberté de culte. Les parents rappellent que l’article 50 de la Constitution impose aux établissements éducatifs le respect des valeurs nationales et religieuses.

Les critiques ne s’arrêtent pas à la sphère religieuse. Les parents dénoncent également des violations des lois algériennes relatives au fonctionnement des associations et syndicats. Des syndicats français comme le SNES et le SGEN, ainsi que des associations de parents, opèrent dans l’établissement sous la loi française de 1901, sans autorisation des autorités algériennes et sans partenariat avec des entités locales. Cela constitue une violation directe de la loi algérienne sur les associations (12-06) et de la loi sur le travail (90-14), et contrevient également à la Convention 87 de l’OIT, que l’Algérie a ratifiée.

Le représentant des parents, M. « K. N. », affirme que « toute institution opérant en Algérie est tenue de respecter la Constitution et les lois locales, sans exception ni discrimination ».

Un autre sujet de préoccupation soulevé est le non-respect du programme éducatif algérien, notamment l’absence d’enseignement de l’histoire et de l’éducation civique algériennes. Cela prive les élèves de leur héritage culturel et national, en contradiction avec l’accord bilatéral de 2002 qui impose l’inclusion de ces matières.

Les parents évoquent également une politique discriminatoire concernant les bourses d’études, réservées aux élèves français, au détriment de leurs camarades algériens remplissant pourtant toutes les conditions académiques. Ce favoritisme va à l’encontre des accords de coopération et du principe d’égalité des chances.

Autre élément dénoncé : la hausse vertigineuse des frais de scolarité et d’examens. Les frais d’examen du baccalauréat ont atteint 305.000 DZD (environ 2.110 euros), soit une augmentation de 430 % en trois ans. Les frais de scolarité annuels atteignent 800.000 DZD, avec une hausse de 52 % sur neuf ans. À titre de comparaison, les frais d’examen sont de 293 euros en Tunisie et 356 euros au Maroc — soit six fois moins qu’en Algérie.

Ces écarts soulèvent de sérieuses questions sur l’équité du système et sur la nécessité de revoir ces tarifs pour garantir l’égalité des chances et soulager financièrement les familles.

Concernant les candidats libres, au nombre de 3000 chaque année, ils doivent s’acquitter de 2100 euros pour s’inscrire, contre 356 euros au Maroc et 293 euros en Tunisie, ce qui suscite également l’incompréhension, alors que le programme est identique.

Les parents élus au sein du conseil d’établissement affirment avoir signalé toutes ces irrégularités à l’administration du lycée et à la conseillère culturelle de l’ambassade de France. Celle-ci a répondu que « les questions de programme, de frais et de bourses ne relèvent pas des parents, mais exclusivement des canaux diplomatiques entre l’ambassade et la direction du lycée ».

Les parents voient dans cette réponse une volonté d’écarter les parties algériennes des discussions sur la gestion de l’établissement, pourtant implanté sur le sol algérien, et y voient aussi une atteinte à la transparence dans une institution offrant un service public rémunéré par les familles.

En conclusion, le représentant des parents indique avoir déposé une plainte détaillée auprès de la justice à Alger, accompagnée de documents et témoignages prouvant les nombreuses violations dont sont victimes les élèves algériens, appelant les autorités à intervenir pour rétablir la légalité.

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