Le procureur général de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence a justifié la demande de rejet de l'extradition de l'ancien ministre Abdeslam Bouchouareb vers l'Algérie en raison de la "situation des prisons algériennes". Mais qu'en est-il des prisons en France ?
Malgré les garanties fournies par l'Algérie dans sa demande d'extradition, notamment concernant les conditions de détention de Bouchouareb à l’établissement de rééducation de El Harrach, la justice française a ignoré ces assurances et a adopté la position de Benjamin Bohbot, l’avocat de l’ancien ministre, qui n’a trouvé pour seule source fiable sur les prisons algériennes qu’un reportage du magazine "Jeune Afrique", connu pour son hostilité envers l'Algérie.
L’occident en général, et la France en particulier, que tente d’ancrer les esprits le mythe que tout ce qui se trouve dans l’hémisphère sud est "horrible", tandis que tout ce qui est au nord est "exemplaire". Pourtant, lorsque l'on s'intéresse aux conditions carcérales, la réalité est bien différente.
Dans son rapport 2023, la section française de l’Observatoire International des Prisons (OIP) indique avoir reçu de nombreuses plaintes de détenus concernant leurs conditions de détention dégradantes : prolifération des insectes et des rats, fenêtres cassées laissant passer le froid glacial, manque de couvertures, températures insupportables en été, bâtiments vétustes avec des cellules dans un état catastrophique, aucune possibilité pour les détenus de contester leurs conditions de détention.
Le rapport souligne que les prisons françaises continuent de se détériorer en raison de la surpopulation carcérale, rendant les conditions de détention inhumaines. En 2020 et 2023, la France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme pour le traitement infligé aux détenus.
Le procureur a évoqué l’état de santé de Bouchouareb et la possibilité qu'il ne reçoive pas les soins adéquats en Algérie. Pourtant, que dit le rapport de l’OIP sur la prise en charge médicale dans les prisons françaises ?
En 2023 l’Observatoire a souligné que l’accès aux soins est un problème majeur, dû à un manque de personnel médical, une surpopulation carcérale aggravant les conditions sanitaires, des infrastructures inadaptées, des difficultés d’accès aux soins spécialisés, un accès limité aux transferts médicaux.
En janvier 2023, l’organisation a interrogé trois médecins spécialistes qui ont affirmé que les détenus souffrant de maladies chroniques ou de handicaps sévères ne reçoivent pas les soins nécessaires, rendant leur détention encore plus pénible.
Le rapport de l’OIP évoque également les difficultés rencontrées par les détenus pour maintenir un lien avec leurs familles, restrictions sur les moyens de communication, difficultés pour obtenir des autorisations de visite, conditions de visite dégradées, obstacles administratifs nuisant aux relations familiales
Des toilettes sans murs
Le Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté, une autorité indépendante qui surveille les conditions de détention en France, a publié en 2023 un rapport alarmant : 77 450 détenus pour une capacité maximale de 61 750 places, taux d’occupation moyen de 150%, conditions d’hygiène précaires, absence de murs entre les toilettes dans les cellules, douches collectives insalubres, temps de promenade limité et cours de prison délabrées
La France compte 187 établissements pénitentiaires, dont le plus grand est la prison de Fleury-Mérogis, construite en 1968 avec une capacité de 2 850 détenus, mais qui en accueille aujourd’hui plus de 5 000.
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