Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a tenté d'atténuer la crise entre son pays et l'Algérie, hier soir, lors d'un dîner de rupture du jeûne à la Grande Mosquée de Paris. Cependant, ses déclarations semblaient davantage protocolaires que concrètes et ne pouvaient être considérées ni comme une base pour une sortie de crise, ni comme un signe de résolution imminente.
Lors de ce dîner organisé à l'invitation du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, Barrot a évoqué "l’engagement de la France dans ses relations avec l’Algérie". Selon lui, "la France entretient avec l’Algérie des relations complexes, mais d’une profondeur inégalée et fondées sur des intérêts communs". Il a toutefois estimé que son pays n’était pas responsable des tensions actuelles.
Bien que le ton et les propos de Barrot aient été plus conciliants que ceux de son collègue, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, il n’a avancé aucune solution concrète ni proposé de pistes pour résoudre la crise. Il s'est contenté de souligner que "les récents développements dans les relations bilatérales ne sont dans l’intérêt de personne, ni en France ni en Algérie".
Le ministre a affirmé vouloir "résoudre la crise avec respect", tout en insistant sur la nécessité d'agir "avec rigueur, franchise et sans faiblesse", sans pour autant préciser de mesures ou d’initiatives concrètes pour amorcer un apaisement.
Concernant les derniers développements, Barrot a déclaré que le refus de l’Algérie d’accepter la liste des Algériens expulsables "porte préjudice" aux intérêts de la France. Il a également tenu à rappeler que "des millions de nos concitoyens ayant un lien avec l’Algérie n’ont rien à voir avec les difficultés actuelles entre nos deux gouvernements et ont droit à la tranquillité". Une position également défendue par le Premier ministre François Bayrou, face aux appels à l'escalade lancés par les députés de l’extrême droite à l’Assemblée nationale.
De son côté, Chems-Eddine Hafiz a souligné que la Grande Mosquée de Paris était un "symbole d’amitié entre la France et l’islam", appelant à une "voie de l’apaisement" dans les relations franco-algériennes.
Cependant, quelques heures après l’intervention de Jean-Noël Barrot, le ministre de l’Intérieur a ramené la situation à son point de départ en supprimant toute perspective d’apaisement, même symbolique. S’exprimant sur les ondes de "Radio Sud", Bruno Retailleau a déclaré que "l’Algérie nous attaque" et a menacé de "supprimer" tous les "privilèges coûteux" accordés aux citoyens algériens. Il a notamment dénoncé le fait qu’ils bénéficient d’un "système de soins très avantageux, équivalent à celui des citoyens européens".
Ces déclarations contradictoires entre les deux ministres illustrent les tensions et divergences au sein du gouvernement français, contraignant le président Emmanuel Macron et son Premier ministre François Bayrou à tenter de naviguer entre des positions irréconciliables, une tâche qui semble presque impossible.
Rédaction
19/03/2025 - 14:20

Rédaction
19/03/2025 - 14:20
Commentaires
Participez Connectez-vous
Déconnexion
Les commentaires sont désactivés pour cet publication.