Les déclarations du président français, Emmanuel Macron, concernant l'importance de ne pas abroger unilatéralement l'accord de 1968 et la nécessité de travailler avec l'Algérie, pourraient marquer une nouvelle orientation dans la gestion de la crise, autre que celle du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui représente l'orientation radicale dans la gestion de la crise avec l'Algérie.
Les développements de la situation peuvent être analysés selon plusieurs hypothèses. Soit les dirigeants de l'Élysée ont reconnu que l'approche confiée à Darmanin n'a pas porté ses fruits avec l'Algérie et ont décidé de changer de méthode, d'outils et de mécanismes, ce qu'a pressenti l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin lorsqu'il a déclaré : « Fort de mon expérience diplomatique, je vous assure que la main de fer ne sert à rien, surtout avec un pays comme l'Algérie. »
D'autre part, les déclarations du président français, exemptes de tout ton de confrontation ou de provocation, constituent un signe clair de la reprise de l'initiative dans un climat politique lourdement influencé par les idées et orientations de droite, qui dominent la scène politique en France. Macron tente de les suivre ou de les contrecarrer calmement, étant politiquement et parlementairement affaibli face à ces forces.
Une autre hypothèse suggère que le ton apaisé de Macron sur la question de l'accord, comparé à celui de son ministre de l'Intérieur, est un indicateur du fait que ce dernier a échoué à gérer l'impasse avec l'Algérie de manière équilibrée. Son approche a été dominée par ses idéologies et ses ambitions partisanes, alors que la situation exigeait une approche plus ancrée dans la culture de l'État plutôt que la simple mise en œuvre de ses projets politiques.
Dans cette perspective, le professeur en relations internationales et sciences politiques, Abdelhakim Bougrara, analyse les développements dans le contexte de la nature de la doctrine politique de la Cinquième République, « connue pour son approche du bâton et de la carotte, avec un côté dur et agressif, et un côté plus souple fondé sur la diplomatie, l'aide et la cohabitation, les deux travaillant pour l'intérêt de la France».
Selon l'analyste, les déclarations apaisantes de Macron sont une manifestation du courant doux, tandis que les actions recrudescentes de Darmanin et de Bayrou s'inscrivent dans un compromis politique visant à permettre au gouvernement Bayrou de fonctionner, notamment en matière de loi de finances et de sécurité sociale, et d'éviter une motion de censure. Cela est d'autant plus pertinent que l'extrême droite dispose désormais de suffisamment de pouvoir à l'Assemblée nationale pour renverser des gouvernements et bloquer des projets de loi.
L'escalade avec l'Algérie, selon Bougrara, pourrait également cacher des arrière-pensées électorales liées aux prochaines élections présidentielles en France. Darmanin chercherait à utiliser la situation pour se construire une image compatible avec la montée des sentiments d'extrême droite, ce qui lui permettrait de se présenter lors du prochain scrutin. L'académicien cite la politique de renvoi des migrants adoptée par Darmanin, ses attaques contre l'Algérie et ses tentatives de relancer un discours populiste, en critiquant la place des entreprises et de la langue française en Algérie.
Face à ces dynamiques, l'Algérie maintient une ligne constante dans la gestion de la crise avec la France, caractérisée par la sagesse et la retenue, tout en préparant la possibilité d'appliquer le principe de réciprocité.
Rédaction
04/03/2025 - 20:28

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