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Au milieu des attaques répétées contre l'Algérie en France, venant de l'extrême droite et de ses cercles, la voix de l'ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, s'est élevée ce lundi sur le plateau de la chaîne "France Info" pour défendre l'Algérie. Il a affirmé que les accusations visant ce "pays ami" dépassaient largement toute vérité.
Sur un ton sarcastique, de Villepin a répondu à la question de l'animatrice concernant les déclarations du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, sur le refus d'effectuer une visite en France dans les conditions actuelles, en soulignant que "la France ne peut pas ignorer l'Algérie dans sa recherche de solutions à tous les problèmes posés", insinuant ainsi que l'Algérie est devenue un bouc émissaire pour de nombreux problèmes sous la direction politique actuelle.
De Villepin, qui a également été ministre des Affaires étrangères, a ajouté : "Malheureusement, depuis plusieurs mois, voire des années, nous voyons la relation avec ce grand frère, ce pays ami qu’est l'Algérie, se détériorer de jour en jour… allant de mal en pis, jusqu'à des accusations qui dépassent la réalité." Concernant la question mémorielle, il a affirmé : "Si nous regardons en arrière – et ce travail a été effectué par de nombreux historiens – il y a des crimes de guerre, voire des crimes contre l'humanité", une reconnaissance claire d'un passé que certains politiciens en France cherchent à contourner, à déformer, ou à minimiser avec des termes inadéquats.
De Villepin a appelé au retour à la "raison", affirmant qu'il existe aujourd'hui en France "des tentatives pour faire de l'Algérie un bouc émissaire de certains de nos problèmes". Il a insisté sur le fait que "l'Algérie n'en est pas responsable, et qu’il est impératif de trouver, avec les Algériens, des réponses et des solutions".
Dans son interaction avec l'animatrice, qui avait posé sa question de manière biaisée avec une note de surprise non innocente, l'ancien Premier ministre a abordé la crise actuelle entre l'Algérie et la France, déclenchée en juillet dernier après que le président français a décidé de soutenir les thèses marocaines sur la question du Sahara occidental.
L'homme politique, membre de la droite gaulliste, a affirmé qu’"Emmanuel Macron ne devait pas ignorer l'Algérie à ce sujet."
"Le Président a voulu rétablir le dialogue avec le Maroc en acceptant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental", mais qu’il aurait dû "faire tout cela dans le cadre des Nations Unies et en coordination avec l'Algérie", a-t-il ajouté.
De Villepin a poursuivi en soulignant qu’"on ne peut pas aujourd'hui œuvrer à une solution diplomatique pour n’importe quelle question sans inclure tout le monde."
Il a, également, abordé la polémique stérile autour de l'accord de 1968, rejetant "l'exploitation de ce document que certains courants politiques veulent à tout prix annuler".
"L’agitation autour de cet accord équivaut à vouloir déclencher une guerre avec l'Algérie... une guerre de mémoire", a-t-il déclaré.
De Villepin a ridiculisé ces approches en affirmant : "Tout cela n’a pas de sens... Il existe d’autres moyens, comme le travail conjoint et le dialogue", tout en excluant "toute solution à la question de l'immigration des Algériens se trouvant dans des centres de rétention administrative, et que l’on souhaite renvoyer chez eux, sans un accord avec l'Algérie". Il a conclu en affirmant : "Tout cela repose sur le dialogue, le respect et la capacité à traiter cette histoire commune et extrêmement importante que nous partageons de part et d'autre de la Méditerranée."
Les déclarations de l'ancien Premier ministre, connu pour son soutien aux causes justes, notamment celles de la Palestine et du Sahara occidental, surviennent dans un contexte d’attaques de l'extrême droite, qui exploite les questions de l'immigration, des permis consulaires, de l'accord de 1968 et de la mémoire pour attaquer l'Algérie et entraver toute avancée dans les relations entre Alger et Paris. Cette extrême droite a acquis une influence importante sur la politique intérieure et extérieure de la France.